•                                   Francis Cabrel

    Fausses infos, fausses poitrines
    Fausses photos pour de faux magazines
    Faux guérisseurs, fausses fortunes
    Faux électeurs dans les fosses communes
    Faux soldats dans les fausses guerres
    Ça va finir, ça va finir
    Qu'on sera tous des faussaires

    Faux marteaux, fausses faucilles
    Faux garçons aux bras de fausses filles
    Faux serments pleins de "forever"
    Faux calmants pour de fausses douleurs
    Faux pur-sangs sous de fausses crinières
    Ça va finir, ça va finir
    Qu'on sera tous des faussaires

    Pour en sortir c'est du délire
    C'est un vrai casse-tête
    Même tes faux sourires
    Te font de vraies fossettes

    Fausses rumeurs, fausses annonces
    Faux sauveur donnant de fausses réponses
    Fausses amours, fausses postures
    Faux chanteur dans sa fausse voiture
    Faux bijoux donnant de fausses rivières
    Ça va finir, ça va finir
    Qu'on sera tous des faussaires

    Pour en sortir c'est du délire
    C'est un vrai casse-tête
    Même tes faux sourires
    Te font de vraies fossettes

    Faux prêcheur, faux prophète
    Faux joueur mimant la fausse défaite
    Fausse Bible ou bien sa fausse lecture
    Faux touristes dans la fausse nature


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  •                       Léo Ferré

    Tu as des yeux d'enfant malade
    Et moi j'ai des yeux de marlou
    Quand tu es sortie de l'école
    Tu m'as lancé tes petits yeux doux
    Et regardé pas n'importe où
    Et regardé pas n'importe où

    Ah! petite Ah! petite
    Je t'apprendrai le verbe "aimer"
    Qui se décline doucement
    Loin des jaloux et des tourments
    Comme le jour qui va baissant
    Comme le jour qui va baissant

    Tu as le col d'un enfant cygne
    Et moi j'ai des mains de velours
    Et quand tu marchais dans la cour
    Tu t'apprenais à me faire signe
    Comme si tu avais eu vingt ans
    Comme si tu avais eu vingt ans

    Ah! petite Ah! petite
    Je t'apprendrai à tant mourir
    A t'en aller tout doucement
    Loin des jaloux et des tourments
    Comme le jour qui va mourant
    Comme le jour qui va mourant

    Tu as le buste des outrages
    Et moi je me prends à rêver
    Pour ne pas fendre ton corsage
    Qui ne recouvre qu'une idée
    Une idée qui va son chemin
    Une idée qui va son chemin

    Ah! petite Ah! petite
    Tu peux reprendre ton cerceau
    Et t'en aller tout doucement
    Loin de moi et de mes tourments
    Tu reviendras me voir bientôt
    Tu reviendras me voir bientôt

    Le jour où ça ne m'ira plus
    Quand sous ta robe il n'y aura plus
    Le Code pénal.


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  •                   Juliette        

    Mon ange qui veilles sur moi
    Ô mon ange, aie donc pitié de moi
    Je te demande instamment
    De rejoindre ton néant
    Le néant c’est si charmant
    Mon ange, mon ange

    Fais faire à papa et à maman
    L’économie de bien des tourments,
    Qu’une faiseuse d’anges émérite
    Ou la maîtrise d’un coït
    Vers toi m’expédie bien vite
    Cher ange, cher ange

    Ni Gabriel ni Asmodée
    Fais de moi un ange démodé
    Ange pur, ange radieux
    Ange rose ou ange bleu
    Fais de moi ce que tu veux
    Un ange, un ange

    Fais de moi un doux chérubin
    Un ange qui passe, un vrai séraphin
    Et moi pourtant qu’un rien vexe
    Je ne ferai pas de complexe
    Si l’on discute de mon sexe
    Étrange

    Fais-moi voltiger dans les nues
    Puttino potelé au cul nu
    En nourrisson équivoque
    Qui tantôt pleure ou se moque
    Froissant d’un berceau baroque
    Les langes, les langes

    Je pourrais à quelque Marie
    Faire l’annonce d’un petit Jésus-Christ
    Œuvrer au salut des hommes
    Et pour faire le maximum
    Me joindre à ceux que Sodome
    Démange, démange

    J’accepterais même d’emboucher
    La trompette du Jugement Dernier
    Sage comme un ange musicien
    Ou bien simple ange gardien
    L’important c’est de n’être rien
    Qu’un ange, qu’un ange

    Et si tout ton ciel est complet
    S’il y a trop d’anges alors, s’il te plaît,
    Fais de moi un ange déchu
    A l’âme et la queue fourchues
    Un ange noir pas mal fichu
    Gueule d’ange

    Mais, mon ange, prends-moi sous ton aile
    Et mène-moi vers la nuit éternelle
    Qu’on dise jusqu’à Paris
    Ayant gagné mon pari
    Que désormais je souris
    Aux anges, aux anges

                                  Paroles: Pierre Philippe, musique: Juliette Noureddine


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  •                      Georges Brassens  (Interprète Jean Bertola)

    A l'école où nous avons appris l'A B C
    La maîtresse avait des méthodes avancées
    Comme il fut doux le temps, bien éphémère, hélas
    Où cette bonne fée régna sur notre classe
    Régna sur notre classe

    Avant elle, nous étions tous des paresseux
    Des lève-nez, des cancres, des crétins crasseux
    En travaillant exclusivement que pour nous
    Les marchands de bonnets d'âne étaient sur les genoux
    Étaient sur les genoux

    La maîtresse avait des méthodes avancées
    Au premier de la classe elle promit un baiser
    Un baiser pour de bon, un baiser libertin
    Un baiser sur la bouche, enfin bref, un patin
    Enfin bref, un patin

    Aux pupitres alors, quelque chose changea
    L'école buissonnière eut plus jamais un chat
    Et les pauvres marchands de bonnets d'âne, crac
    Connurent tout à coup la faillite, le krach
    La faillite, le krach

    Lorsque le proviseur, à la fin de l'année
    Nous lut les résultats, il fut bien étonné
    La maîtresse, elle, rougit comme un coquelicot
    Car nous étions tous prix d'excellence ex-æquo
    D'excellence ex-æquo

    A la recréation, la bonne fée se mit
    En devoir de tenir ce qu'elle avait promis
    Et comme elle embrassa quarante lauréats
    Jusqu'à une heure indue la séance dura
    La séance dura

    Ce système bien sûr ne fut jamais admis
    Par l'imbécile alors recteur d'académie
    De l'école, en dépit de son beau palmarès
    On chassa pour toujours notre chère maîtresse
    Notre chère maîtresse

    La cancre fit alors sa réapparition
    Le fort en thème est redevenu l'exception
    A la fin de l'année suivante, quel fiasco
    Nous étions tous derniers de la classe ex-æquo
    De la classe ex-æquo

    A l'école où nous avons appris l'A B C
    La maîtresse avait des méthodes avancées
    Comme il fut doux le temps bien éphémère, hélas
    Où cette bonne fée régna sur notre classe
    Régna sur notre classe


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  •                     Léo Ferré

    Le piano du pauvre
    Se noue autour du cou
    La chanson guimauve
    Toscanini s’en fout
    Mais il est pas chien
    Et le lui rend bien
    Il est éclectique
    Sonate ou java
    Concerto polka
    Il aim’ la musique

    Le piano du pauvre
    C’est l’Chopin du printemps
    Sous le soleil mauve
    Des lilas de Nogent
    Il roucoule un brin
    A ceux qui s’plais’nt bien
    Et fait des avances
    Ravel ou machin
    C’est déjà la fin
    Mais v’là qu’y r’commence

    Le piano du pauvre
    Se noue autour des reins
    Sa chanson guimauve
    Ça va toujours très loin
    Car il n’est pas chien
    Toujours il y r’vient
    Il a la pratique
    C’est pour ça d’ailleurs
    Qu’les histoir’s de cœur
    Finiss’nt en musique

    Le piano du pauvre
    Est un joujou d’un sou
    Quand l’amour se sauve
    Y a pas qu’lui qui s’en fout
    Car on n’est pas chien
    On le lui rend bien
    On est électique
    Jules ou bien machin
    C’est déjà la fin
    Mais v’là qu’on y r’pique

    Le piano du pauvre
    C’est pas qu’il est voyou
    La chanson guimauve
    On en prend tous un coup
    Car on n’est pas chien
    On a les moyens
    Et le cœur qui plisse
    Quand Paderewsky
    Tir’ de son étui
    L’instrument d’service

    Le piano du pauvre
    N’a pas fini d’jacter
    Sous le regard fauve
    Des rupins du quartier
    Pendant qu’les barbus
    Du vieil Institut
    Posent leurs bésicles
    Pour entendre au loin
    Le piano moulin
    Qui leur fait l’article

    Le piano du pauvre
    Dans sa boîte à bobards
    S’tape un air guimauve
    En s’prenant pour Mozart
    S’il a l’air grognon
    Et joue sans façons
    Des javas perverses
    C’est qu’il est pas chien
    Et puis qu’il faut bien
    Fair’ marcher l’Commerce...

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