• Paroles de la chanson "Le mérinos" - Georges Brassens

    Oh non ! tu n'es pas à  la noce
    Ces temps-ci, pauvre vieux mérinos.
    Si le Rhône est empoisonné,
    C'est toi qu'on veut incriminer.
    Les poissons morts, on te les doit,
    Bête damnée, à  cause de toi,
    Tous les abreuvoirs sont croupis
    Et les poules ont la pépie.

    C'est moi qui suis l'enfant de salaud,
    Celui qui fait des ronds dans l'eau,
    Mais comme j'ai pas mal de culot,
    Je garde la tête bien haute.
    Car si l'eau qui coule sous les ponts
    D'Avignon, Beaucaire et Tarascon,
    N'a pas toujours que du bon                                                                                             Mon Dieu ! c'est pas ma faute.

    Plus de naà¯ades chevelues,
    Et plus de lavandières non plus,
    Tu fais sombrer sans t'émouvoir
    L'armada des bateaux lavoirs.
    Et le curé de Cucugnan
    Baptise le monde en se plaignant
    Que les eaux de son bénitier
    Ne protègent plus qu'à  moitié.

    A la fontaine de Vaucluse,
    Plus moyen d'taquiner les muses
    Vers d'autres bords elles ont fui
    Et les Pétrarques ont suivi.
    Si la fontaine de Jouvence
    Ne fait plus d'miracle en Provence,
    Lave plus l'injure du temps,                                                                                              C'est ton œuvre, gros dégoûtant !

    Oh non ! Tu n'es pas à  la noce
    Ces temps-ci, pauvre vieux mérinos,
    On veut te mettre le fardeau
    Des plaies d' l'Egypte sur le dos.
    On te dénie le sens civique
    Mais calme, fier, serein, magnifique,
    Tu traites tout ça par dessous
    La jambe. Et puis baste ! Et puis zou !
          

     

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  •                                     Pierre Perret

    Qu'elle était jolie, qu'elle était belle
    Je l'avais rencontrée sous le pont de Grenelle
    Avec sa gorge de pigeon
    Elle roucoulait une chanson
    Dans un bistro près du vélodrome
    C'est là qu'on avait croqué la pomme
    On s'était passé des buissons
    Du maire, du curé et du goupillon

    Mais l'amour est souvent piqûre de guêpe
    Tourné retourné c'est comme les crêpes
    Il lui arrivait trop fréquemment
    De crier son amour brûlant
    À d'autres que moi et ce qui fut pire
    De les amener chez moi pour les séduire
    Ils entraient sans essuyer leurs pieds
    Je refaisais le lit pour ceux qui suivaient

    Qu'elle était jolie, qu'elle était belle
    C'est pour ça qu'elle m'était infidèle
    Elle avait des yeux de chaton
    Des seins qui posaient des questions
    J'avais des réponses toutes prêtes
    Et ça lui faisait perdre la tête
    Je ne savais rien de sa perfidie
    J'ai payé depuis pour avoir trop dit

    Comme elle est jolie, comme elle est belle
    Je pourrais ajouter j'en ai deux belles
    Bon, Saint-Joseph priez pour moi
    Que mes cornes ne dépassent pas
    La longueur moyenne de celle des autres
    Faites aussi que plus jamais je n'en ai d'autres
    Jamais ou moins souvent bien sûr
    Pour pas en avoir je sais bien que c'est trop dur
    Qu'elle était jolie qu'elle était belle


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  •                  Georges Brassens

    " Cher monsieur, m’ont-ils dit, vous en êtes un autre ",
    Lorsque je refusai de monter dans leur train.
    Oui, sans doute, mais moi, j’fais pas le bon apôtre,
    Moi, je n’ai besoin de personn’ pour en être un.

    Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
    Est plus de quatre on est une bande de cons.
    Bande à part, sacrebleu! c’est ma règle et j’y tiens.
    Dans les noms des partants on n’verra pas le mien.

    Dieu! que de processions, de monomes, de groupes,
    Que de rassemblements, de cortèges divers, -
    Que de ligu’s, que de cliqu’s, que de meut’s, que de troupes!
    Pour un tel inventaire il faudrait un Prévert.

    Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
    Est plus de quatre on est une bande de cons.
    Bande à part, sacrebleu! c’est ma règle et j’y tiens.
    Parmi les cris des loups on n’entend pas le mien.

    Oui, la cause était noble, était bonne, était belle!
    Nous étions amoureux, nous l’avons épousée.
    Nous souhaitions être heureux tous ensemble avec elle,
    Nous étions trop nombreux, nous l’avons défrisée.

    Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
    Est plus de quatre on est une bande de cons.
    Bande à part, sacrebleu! c’est ma règle et j’y tiens.
    Parmi les noms d’élus on n’verra pas le mien.

    Je suis celui qui passe à côté des fanfares
    Et qui chante en sourdine un petit air frondeur.
    Je dis, à ces messieurs que mes notes effarent :
    " Tout aussi musicien que vous, tas de bruiteurs! "

    Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
    Est plus de quatre on est une bande de cons.
    Bande à part, sacrebleu! c’est ma règle et j’y tiens.
    Dans les rangs des pupitr’s on n’verra pas le mien.

    Pour embrasser la dam’, s’il faut se mettre à douze,
    J’aime mieux m’amuser tout seul, cré nom de nom!
    Je suis celui qui reste à l’écart des partouzes.
    L’obélisque est-il monolithe, oui ou non?

    Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
    Est plus de quatre on est une bande de cons.
    Bande à part, sacrebleu! c’est ma règle et j’y tiens.
    Au faisceau des phallus on n’verra pas le mien.

    Pas jaloux pour un sou des morts des hécatombes,
    J’espère être assez grand pour m’en aller tout seul.
    Je ne veux pas qu’on m’aide à descendre à la tombe,
    Je partage n’importe quoi, pas mon linceul.

    Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
    Est plus de quatre on est une bande de cons.
    Bande à part, sacrebleu! c’est ma règle et j’y tiens.
    Au faisceau des tibias on n’verra pas les miens.


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  •            

    Georges Brassens

    J’ai perdu mes bajou’s, j’ai perdu ma bedaine,
    Et, ce, d’une façon si nette, si soudaine,
    Qu’on me suppose un mal qui ne pardonne pas,
    Qui se rit d’Esculape et le laisse baba.

    Le monstre du Loch Ness ne faisant plus recette
    Durant les moments creux dans certaines gazettes,
    Systématiquement, les nécrologues jou’nt,
    À me mettre au linceul sous des feuilles de chou.

    Or, lassé de servir de tête de massacre,
    Des contes à mourir debout qu’on me consacre,
    Moi qui me porte bien, qui respir’ la santé,
    Je m’avance et je cri’ toute la vérité.

    Toute la vérité, messieurs, je vous la livre
    Si j’ai quitté les rangs des plus de deux cents livres,
    C’est la faute à Mimi, à Lisette, à Ninon,
    Et bien d’autres, j’ai pas la mémoire des noms.

    Si j’ai trahi les gros, les joufflus, les obèses,
    C’est que je baise, que je baise, que je baise
    Comme un bouc, un bélier, une bête, une brut’,
    Je suis hanté : le rut, le rut, le rut, le rut!

    Qu’on me comprenne bien, j’ai l’âme du satyre
    Et son comportement, mais ça ne veut point dire
    Que j’en ai’ le talent, le géni’, loin s’en faut!
    Pas une seule encor’ ne m’a crié " bravo! "

    Entre autres fines fleurs, je compte, sur ma liste
    Rose, un bon nombre de femmes de journalistes
    Qui, me pensant fichu, mettent toute leur foi
    A m’donner du bonheur une dernière fois.

    C’est beau, c’est généreux, c’est grand, c’est magnifique!
    Et, dans les positions les plus pornographiques,
    Je leur rends les honneurs à fesses rabattu’s
    Sur des tas de bouillons, des paquets d’invendus.

    Et voilà ce qui fait que, quand vos légitimes
    Montrent leurs fesse’ au peuple ainsi qu’à vos intimes,
    On peut souvent y lire, imprimés à l’envers,
    Les échos, les petits potins, les faits divers.

    Et si vous entendez sourdre, à travers les plinthes
    Du boudoir de ces dam’s, des râles et des plaintes,
    Ne dites pas : "C’est tonton Georges qui expire ",
    Ce sont tout simplement les anges qui soupirent.

    Et si vous entendez crier comme en quatorze :
    "Debout! Debout les morts! " ne bombez pas le torse,
    C’est l’épouse exalté’ d’un rédacteur en chef
    Qui m’incite à monter à l’assaut derechef.

    Certe’, il m’arrive bien, revers de la médaille,
    De laisser quelquefois des plum’s à la bataille...
    Hippocrate dit : " Oui, c’est des crêtes de coq",
    Et Gallien répond "Non, c’est des gonocoqu’s... "

    Tous les deux ont raison. Vénus parfois vous donne
    De méchants coups de pied qu’un bon chrétien pardonne,
    Car, s’ils causent du tort aux attributs virils,
    Ils mettent rarement l’existence en péril.

    Eh bien, oui, j’ai tout ça, rançon de mes fredaines.
    La barque pour Cythère est mise en quarantaine.
    Mais je n’ai pas encor, non, non, non, trois fois non,
    Ce mal mystérieux dont on cache le nom.

    Si j’ai trahi les gros, les joufflus, les obèses,
    C’est que je baise, que je baise, que je baise
    Comme un bouc, un bélier, une bête, une brut’,
    Je suis hanté : le rut, le rut, le rut, le rut!


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  • La la la…

    Je connais un pays on dirait un jardin
    Je peux y vivre nue sans avoir jamais froid
    Quand j'y ferme les yeux je trouve sous mes doigts
    Tous les chemins
    J'ai le fond de tes yeux pour y chercher de l'or
    La couleur de ta peau pour lire les saisons
    Le creux de ton épaule pour ligne d'horizon
     
    Et tout autour de moi tes bras font le décor
    Au pays de ton corps
    Au pays de ton corps
    Au pays de ton corps
     
    J'y ai vu des prodiges et de plus grands mystères
    Que l'été en décembre ou que la neige en mai
    A ce qu'il me semble plus je le connais
    Plus je me perds
    Et s'il mesure à peine 1m80
    J'y fais plus de chemin avec un seul baiser
    Que ne font dans le ciel les hommes et leurs fusées
     
    C'est un pays où l'on voyage avec les mains
    Le pays de ton corps
    Le pays de ton corps
    Le pays de ton corps
     
    Je connais un pays on dirait un jardin
    Je peux y vivre nue sans avoir jamais froid
    Quand j'y ferme les yeux je trouve sous mes doigts
    Tous les chemins
    J'ai le fond de tes yeux pour y chercher de l'or
    La couleur de ta peau pour lire les saisons
    Le creux de ton épaule pour ligne d'horizon
     
    Quand paresseusement je m'enroule et m'endors
    Au pays de ton corps
    Au pays de ton corps
    Au pays de ton corps

     
    Catherine Le Forestier


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