•                                             Francis Cabrel

    Pendant qu'on se promène
    L'enfant pour cinq francs la semaine
    Vient broder des survêts
    Pour l'homme blanc qui golfe en voiturette

    Sale temps sur la planète
    Oh le drôle, le drôle de temps
    Porter secours c'est défendu
    Le monde autour est sourd, bien entendu

    Chercheur contre nature
    Truqueur, sur l'honneur qui jure
    Faut pas que ça vous inquiète
    J'ai bien connu l'animal mort dans votre assiette

    Sale temps sur la planète
    Oh le drôle, le drôle de temps
    Porter secours c'est défendu
    Le monde autour est sourd, bien entendu

    Tricheur à la tribune
    Menteur amassant la fortune
    Grimpeur dans la tempête
    Rien que des doses d'eau claire au fond de la musette

    Sale temps sur la planète
    Oh le drôle, le drôle de temps
    Pas de témoin une fois de plus
    Le monde autour est sourd, bien entendu

    Cendrillon tombée d'un coin du Sahel
    Perdue
    Sur un bout de papier me lance un appel
    Met dessus
    Melle dit "c'est où exactement
    C'est où exactement la Tour de Babel"

    Monsieur sort de l'église
    Heureux que les hommes fraternisent
    Son fils qui lui fait la tête
    Et lui qui court acheter le fusil et les fléchettes

    Sale temps sur la planète
    Oh le drôle, le drôle de temps
    Porter secours c'est défendu
    Le monde autour est sourd, bien entendu

    Pendant qu'on se promène
    L'enfant pour cinq francs la semaine
    Chercheur contre nature
    Bien caché derrière sa devanture
    Tricheur à la tribune
    Et nous, tous les applaudir
    Comme la lune
    Comme la lune...


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  •                            Georges Brassens

    Un vingt-deux de septembre au diable vous partites,
    Et, depuis, chaque année, à la date susdite,
    Je mouillais mon mouchoir en souvenir de vous...
    Or, nous y revoilà, mais je reste de pierre,
    Plus une seule larme à me mettre aux paupières:
    Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

    On ne reverra plus au temps des feuilles mortes,
    Cette âme en peine qui me ressemble et qui porte
    Le deuil de chaque feuille en souvenir de vous...
    Que le brave Prévert et ses escargots veuillent
    Bien se passer de moi pour enterrer les feuilles:
    Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

    Jadis, ouvrant mes bras comme une paire d'ailes,
    Je montais jusqu'au ciel pour suivre l'hirondelle
    Et me rompais les os en souvenir de vous...
    Le complexe d'Icare à présent m'abandonne,
    L'hirondelle en partant ne fera plus l'automne:
    Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

    Pieusement noué d'un bout de vos dentelles,
    J'avais, sur ma fenêtre, un bouquet d'immortelles
    Que j'arrosais de pleurs en souvenir de vous...
    Je m'en vais les offrir au premier mort qui passe,
    Les regrets éternels à présent me dépassent:
    Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

    Désormais, le petit bout de coeur qui me reste
    Ne traversera plus l'équinoxe funeste
    En battant la breloque en souvenir de vous...
    Il a craché sa flamme et ses cendres s'éteignent,
    A peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes:
    Le vingt-deux de septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

    Et c'est triste de n'être plus triste sans vous


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  •                                         Charles Aznavour

    J'ai laissé ma vie de misère
    Aux froides profondeurs de la Terre
    Pour trouver grâce à mes prières
    Le chemin de l'éternité

    Trébuchant sous l'immense voûte
    Tout ruisselant, le cœur en déroute
    J'ai suivi en cherchant ma route
    Le chemin de l'éternité
    Privé de mes forces humaines
    Guidé par l'espérance incertaine
    Je voulais au bout de mes peines
    Le chemin de l'éternité

    Déchirant mes mains sur les pierres
    Le corps souillé de sang et de terre
    J'ai gravi comme un long calvaire
    Le chemin de l'éternité

    J'ai pleuré, et souffert mais qu'importe
    Puisque à présent mes peines sont mortes
    Car je vois qu'il mène à ta porte
    Le chemin de l'éternité

    Tout-Puissant, enfante un orage
    Pour qu'un éclair déchire un nuage
    M'entrouvrant ainsi le passage
    Du chemin de l'éternité

    Moi, pour ne faire aucune souillure
    Ne rien salir, je peux, si cela te rassure
    Sans hésiter ôter mes chaussures
    Et les pieds nus les mains tendues
    Je veux gagner l'éternité


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  •                                   Adamo Salvatore

    C'était il y a cent ans ou c'était aujourd'hui
    Je rêvais sur un banc au jardin de l'ennui
    Quand un vieillard passa il était tout en gris
    Je me souciais pas mais un bruit me surpris
    Était–ce à dessein, était–ce étourderie
    Il lâcha un écrin troublant ma rêverie
    Je l'appelai en vain je suivis son fantôme
    Je le perdis soudain dans son triste royaume
    Maléfice ou trésor, sortilège ou aubaine
    Pourquoi douter encore, retenant mon haleine
    J'ouvris

    Mais je devins morose quand je ne découvris
    Qu'un petit cailloux gris rose, un petit cailloux vers gris
    Ça n'était pas grand chose après tant de mystère
    Adieu le pot aux roses, au diable mes chimères
    Mais au fond de l'écrin il y avait une lettre
    J'allais savoir enfin une formule peut–être
    Et moi comme un idiot j'allais chanter victoire
    Imaginant des mots qui me parleraient de gloire
    Pas de trésors cachés dans une île lointaine
    Pas de coeur enchaîné d'une princesse en peine
    Pas de savante ruse qui m'aurait enrichi
    Quelques phrases confuses disant juste ceci

    Ami c'est pas grand chose mais ça n'a pas de prix
    Prend ce caillou gris rose prend ce caillou vert gris
    Je les ai ramenés d'un voyage en étoile
    Quand l'amour insensé faisait gonfler ma voile
    Ami c'est pas grand chose mais ça n'a pas de prix
    Prends ce caillou gris rose prends ce caillou vert gris
    Avec ces deux cailloux j'ai failli me connaître
    Certains m'ont prit pour fou j'aurai bien aimé l'être
    Oui sois jeune et sois fou c'est ainsi que l'on gagne
    Si non ces deux cailloux baiseront des montagnes
    Il est temps que je crève, tiens voilà ma fortune
    Une pierre de rêve, une pierre de lune

    Mais soudain un éclair j'ai les yeux grands ouverts
    À mes pieds deux cailloux, deux cailloux sans couleur
    Pas de caillou gris rose pas de caillou vert gris
    Un vieillard est passé et il ne m'a rien dit


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  •                                 Francis Cabrel

    Le vent fera craquer les branches
    La brume viendra dans sa robe blanche
    Y aura des feuilles partout
    Couchées sur les cailloux
    Octobre tiendra sa revanche

    Le soleil sortira à peine
    Nos corps se cach'ront sous des bouts de laine
    Perdue dans tes foulards
    Tu croiseras le soir
    Octobre endormi aux fontaines

    Y aura certainement,
    Sur les tables en fer blanc
    Quelques vases vides et qui traînent
    Et des nuages pris sur les antennes
    J' t'offrirai des fleurs
    Et des nappes en couleurs
    Pour ne pas qu'Octobre nous prenne

    On ira tout en haut des collines
    Regarder tout ce qu'Octobre illumine
    Mes mains sur tes cheveux
    Des écharpes pour deux
    Devant le monde qui s'incline

    Certainement appuyés sur des bancs
    Y aura quelques hommes qui se souviennent
    Et des nuages pris sur les antennes
    J' t'offrirai des fleurs
    Et des nappes en couleurs
    Pour ne pas qu'Octobre nous prenne

    Et sans doute on verra apparaître
    Quelques dessins sur la buée des fenêtres
    Vous, vous jouerez dehors
    Comme les enfants du nord
    Octobre restera peut-être.

    Vous, vous jouerez dehors
    Comme les enfants du nord
    Octobre restera peut-être.


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