•  

    Au bout du chemin
    Le soleil se couche
    Donne-moi ta main
    Donne-moi ta bouche

    Comme un cœur sans foi
    Cette source est noire
    J'ai soif, donne-moi
    Tes larmes à boire

    Ô chute du jour !
    Des angélus sonnent
    Donne-moi l'amour
    Dont tes seins frissonnent

    La route descend
    Blanc ruban de lieues
    Le dernier versant
    Des collines bleues

    Arrêtons-nous : vois
    Là-bas ce feuillage
    Où fument les toits
    Où rêve un village

    {x2:}
    C'est là que je veux
    Dormir sous les portes
    Parmi tes cheveux
    Pleins de feuilles mortes

                                             Charles Guérin.

                                                                poeme mit en chanson par Guy Béart


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  • On était deux cents à l'enterrement de Cornélius
    N'en manquait pas un des vieux copains de Cornélius
    Habillés de blanc pour l'enterrement de Cornélius
    Le soleil cognait, joli mois de mai, pour Cornélius

    Au bord du trottoir
    Une bande de bavards
    S'était rassemblée pour voir
    Et c'est le laitier
    Qui avait prêté
    Son chariot pour l'emporter

    Couché près de lui
    On avait mis
    Son saxophone
    La veuve pleurait
    Les gosses mâchaient
    Des chewing-gums
    Pour le déposer sur le chariot
    Où l'attendait sa place
    Les copains l'ont chargé sur le dos
    Comme une contrebasse

    C'est à ce moment
    Qu' les instruments
    S' sont mis à jouer,
    À jouer en chemin
    Tous les refrains
    Du trépassé

    On est parti sur le chemin
    Plein de pierres, de trous, plein de chagrin
    Qui conduisait au cimetière, oh oh
    Au cimetière
    Le défilé s'augmentait sans fin
    Les enfants attirés par la musique
    Et les vieillards qui ne pouvaient plus rien
    Regardaient passer le défunt

    Les lèvres desséchées par la poussière
    On s'est arrêté pour boire dans la montée
    On est arrivé enfin au cimetière
    Le chariot nous y attendait
    Quand on a mis Cornélius dans la terre
    Son saxophone brillait tout près de lui
    Et le pasteur alors nous a fait taire
    En chantant son De profundis
    En chantant son De profundis

    Et l'on est reparti sur le chemin
    Plein de pierres, de trous, plein de chagrin
    Qui revenait du cimetière, oh oh
    Du cimetière
    La veuve qui ne pouvait plus marcher
    Est r'descendue sur le char du laitier
    Et nous, on a continué de jouer
    Et de boire sans nous arrêter

    On a bu, on a bu toute la nuit
    Dans la maison de la veuve endormie
    Tant et si bien qu'au lever de l'aurore
    Cornélius pour nous n'était plus mort
    Cornélius pour nous n'était plus mort !

    On était deux cents à l'enterrement de Cornélius
    N'en manquait pas un des vieux copains de Cornélius
    Quel bel enterrement que l'enterrement de Cornélius !
    Quand j' quitterai la Terre, j' veux qu'on m'enterre comme Cornélius ! 
     

                                          l'Enterrement de Cornélius» de Gilbert Bécaud ).

     


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  •  

    Paroles de la chanson Le Fantome par Georges Brassens

    C'était tremblant, c'était troublant,
    C'était vêtu d'un drap tout blanc,
    Ça présentait tous les symptômes,
    Tous les dehors de la vision,
    Les faux airs de l'apparition,
    En un mot, c'était un fantôme ! 

    A sa manière d'avancer,
    A sa façon de balancer
    Les hanches quelque peu convexes,
    Je compris que j'avais affaire
    A quelqu'un du genr' que j'prefère :
    A un fantôme du beau sexe.

    " Je suis un p'tit poucet perdu,
    Me dit-ell', d'un' voix morfondue,
    Un pauvre fantôme en déroute.
    Plus de trace des feux follets,
    Plus de trace des osselets
    Dont j'avais jalonné ma route ! "

    " Des poèt's sans inspiration
    Auront pris -- quelle aberration ! --
    Mes feux follets pour des étoiles.
    De pauvres chiens de commissaire
    Auront croqué -- quelle misère ! --
    Mes oss'lets bien garnis de moelle. "

    " A l'heure où le coq chantera,
    J'aurai bonn' mine avec mon drap
    Hein de faux plis et de coutures !
    Et dans ce siècle profane où
    Les gens ne croient plus guère à nous,
    On va crier à l'imposture. "

    Moi, qu'un chat perdu fait pleurer,
    Pensez si j'eus le c?ur serré
    Devant l'embarras du fantôme.
    " Venez, dis-je en prenant sa main,
    Que je vous montre le chemin,
    Que je vous reconduise at home "

    L'histoire finirait ici,
    Mais la brise, et je l'en r'mercie,
    Troussa le drap d'ma cavalière...
    Dame, il manquait quelques oss'lets,
    Mais le reste, loin d'être laid,
    Etait d'un' grâce singulière.

    Mon Cupidon, qui avait la
    Flèche facile en ce temps-là,
    Fit mouche et, le feu sur les tempes,
    Je conviai, sournoisement,
    La belle à venir un moment
    Voir mes icônes, mes estampes...

    " Mon cher, dit-ell', vous êtes fou !
    J'ai deux mille ans de plus que vous... "
    -- Le temps, madam', que nous importe ! --
    Mettant le fantôm' sous mon bras,
    Bien enveloppé dans son drap,
    Vers mes pénates je l'emporte !

    Eh bien, messieurs, qu'on se le dis':
    Ces belles dames de jadis
    Sont de satanées polissonnes,
    Plus expertes dans le déduit
    Que certain's dames d'aujourd'hui,
    Et je ne veux nommer personne !

    Au p'tit jour on m'a réveillé,
    On secouait mon oreiller
    Avec un' fougu' plein' de promesses.
    Mais, foin des dédic's de Capoue !
    C'était mon père criant : " Debout !
    Vains dieux, tu vas manquer la messe ! "


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  •                                                                         Les escaliers devant de Félix Leclerc

    Les quatre mille murs de la côte bretonne
    Les lutins de Norvège
    Et les parfums des Indes

    Toutes les croix de Rome
    Et la douceur des Landes
    Les neiges canadiennes
    Et les violons tziganes

    Sont portes grand'ouvertes
    Et escaliers devant
    A nos âmes enchaînées


    Que nous arrêtera dans l'invention d'un monde
    Quand celui-ci est mort,  mort, mort

    Quand pieds et poings liés
    Vous nous avez détruits
    Guéris et délivrés
    Nous sommes repartis

    La liberté, ami
    Est au fond d'un cachot
    Comme la vérité
    Sous l'épaisseur des mots


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  •   Vieillir        Jacques Brel

    Mourir en rougissant
    Suivant la guerre qu'il fait
    Du fait des Allemands
    À cause des Anglais

    Mourir baiseur intègre
    Entre les seins d'une grosse
    Contre les os d'une maigre
    Dans un cul de basse-fosse

    Mourir de frissonner
    Mourir de se dissoudre
    De se racrapoter
    Mourir de se découdre

    Ou terminer sa course
    La nuit de ses cent ans
    Vieillard tonitruant
    Soulevé pas quelques femmes
    Cloué à la Grande Ourse
    Cracher sa dernière dent
    En chantant "Amsterdam"

    Mourir, cela n'est rien
    Mourir, la belle affaire
    Mais vieillir… oh, oh, vieillir
     


    Mourir, mourir de rire
    C'est possiblement vrai
    D'ailleurs la preuve en est
    Qu'ils n'osent plus trop rire

    Mourir de faire le pitre
    Pour dérider l'désert
    Mourir face au cancer
    Par arrêt de l'arbitre

    Mourir sous le manteau
    Tellement anonyme
    Tellement incognito
    Que meurt un synonyme

    Ou terminer sa course
    La nuit de ses cent ans
    Vieillard tonitruant
    Soulevé par quelques femmes
    Cloué à la Grande Ourse
    Cracher sa dernière dent
    En chantant "Amsterdam"

    Mourir, cela n'est rien
    Mourir oh, la belle affaire
    Mais vieillir… oh, vieillir

    Mourir couvert d'honneur
    Et ruisselant d'argent
    Asphyxié sous les fleurs
    Mourir en monument

    Mourir au bout d'une blonde
    Là où rien ne se passe
    Où le temps nous dépasse
    Où le lit tombe en tombe

    Mourir insignifiant
    Au fond d'une tisane
    Entre un médicament
    Et un fruit qui se fane

    Ou terminer sa course
    La nuit de ses mille ans
    Vieillard tonitruant
    Soulevé par quelques femmes
    Cloué à la Grande Ourse
    Cracher sa dernière dent
    En chantant "Amsterdam"

    Mourir, cela n'est rien
    Mourir, la belle affaire
    Mais vieillir… oh, oh vieillir


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