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Par francesco le 24 Avril 2022 à 10:15
Georges Brassens
Voilà les feuilles sans sève
qui tombent sur le gazon
voilà le vent qui s'élève
et gémit dans le vallon
voilà l'errante hirondelle
qui rase du bout de l'aile
l'eau dormante des marais
voilà l'enfant des chaumières
qui glane sur les bruyères
le bois tombé des foretsC'est la saison où tout tombe
aux coups redoublés des vents
un vent qui vient de la tombe
moissonne aussi les vivants
ils tombent alors par mille
comme la plume inutile
que l'aigle abandonne aux airs
lorsque des plumes nouvelles
viennent réchauffer ses ailes
à l'approche des hiversC'est alors que ma paupière
vous vit palir et mourir
tendres fruits qu'à la lumière
dieu n'a pas laissé murir
quoique jeune sur la terre
je suis dejà solitaire
parmi ceux de ma saison
et quand je dis en moi-meme
où sont ceux que ton c?ur aime?
je regarde le gazonC'est un ami de l'enfancequ'aux jours sombres du malheur
nous preta la providence
pour appuyer notre c?ur
il n'est plus : notre âme est veuveil nous suit dans notre épreuve
et nous dit avec pitié
Ami si ton âme est pleine
de ta joie ou de ta peine
qui portera la moitié?C'est une jeune fiancée
qui, le front ceint du bandeau
n'emporta qu'une pensée
de sa jeunesse au tombeau
Triste, hélas ! dans le ciel meme
pour revoir celui qu'elle aime
elle revient sur ses pas
et lui dit : ma tombe est verte!
sur cette terre déserte
qu'attends-tu? je n'y suis pas!C'est l'ombre pâle d'un père
qui mourut en nous nommant
c'est une s?ur, c'est un frère
qui nous devance un moment
tous ceux enfin dont la vie
un jour ou l'autre ravie,
enporte une part de nous
murmurent sous la pierre
vous qui voyez la lumière
de nous vous souvenez vous?Voilà les feuilles sans sève
qui tombent sur le gazon
voilà le vent qui s'élève
et gémit dans le vallon
voilà l'errante hirondelle
qui rase du bout de l'aile
l'eau dormante des marais
voilà l'enfant des chaumières
qui glane sur les bruyères
le bois tombé des forets
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Par francesco le 24 Avril 2022 à 09:33
Georges Brassens
Tu t'en iras les pieds devant,
Ainsi que tout ceux de ta race,
Grand homme qu'un souffle terrasse.
Comme le pauvre fou qui passe,
Et sous la lune va rêvant,
De beauté, de gloire éternelle,
Du ciel cherché dans les prunelles,
Au rythme pur des villanelles,
Tu t'en iras les pieds devant.Tu t'en iras les pieds devant,
Duchesse aux titres authentiques,
Catin qui cherches les pratiques,
Orpheline au navrant cantique.
Vous aurez même appris du vent,
Sous la neige, en la terre grise,
Même blason, même chemise,
Console toi fille soumise,
Tu t'en iras les pieds devant.Tu t'en iras les pieds devant,
Oh toi qui mens quand tu te signes,
Maîtresse qui liras ces lignes,
En buvant le vin de mes vignes,
A la santé d'un autre amant,
Brune ou blonde, être dont la grâce,
Sourit comme un masque grimace,
Voici la camarde qui passe.
Tu t'en iras les pieds devant.Tu t'en iras les pieds devant,
Grave docteur qui me dissèques,
Prêtre qui chantes mes obsèques.
Bourgeois, prince des hypothèques,
Riche ou pauvre, ignorant, savant,
Camarade au grand phalanstère,
Vers la justice égalitaire,
Nous aurons tous six pieds de terre.
Tu t'en iras les pieds devant.
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Par francesco le 24 Avril 2022 à 09:21
Jacques Brel
Allons il faut partir
N'emporter que son coeur
Et n'emporter que lui
Mais aller voir ailleurs
Allons il faut partir
Trouver un paradis
Bâtir et replanter
Parfums, fleurs et chimèresAllons il faut partir
Sans haine et sans reproche
Des rêves plein les poches
Des éclairs plein la tête
Je veux quitter le port
J'ai l'âge des conquêtes
Partir est une fête
Rester serait la mortAllons il faut partir
Peut-être délaisser
Les routes d'Amérique
Et les déserts peuplésAllons il faut partir
Elle n'est plus chimérique
La voie des voies lactées
La lune s'est allumée.
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Par francesco le 8 Octobre 2021 à 10:41
Les marquises- Jacques Brel
Ils parlent de la mort
Comme tu parles d'un fruit
Ils regardent la mer
Comme tu regardes un puit
Les femmes sont lascives
Au soleil redouté
Et s'il n'y a pas d'hiver
Cela n'est pas l'étéLa pluie est traversière
Elle bat de grain en grain
Quelques vieux chevaux blancs
Qui fredonnent GauguinEt par manque de brise
Le temps s'immobilise
Aux MarquisesDu soir montent des feux
Et des pointes de silence
Qui vont s'élargissant
Et la lune s'avanceEt la mer se déchire
Infiniment brisée
Par des rochers qui prirent
Des prénoms affolésEt puis plus loin des chiens
Des chants de repentance
Des quelques pas de deux
Et quelques pas de danseEt la nuit est soumise
Et l'alizé se brise
Aux MarquisesLe rire est dans le cœur
Le mot dans le regard
Le cœur est voyageur
L'avenir est au hasardEt passent des cocotiers
Qui écrivent des chants d'amour
Que les sœurs d'alentour
Ignorent
D'ignorerLes pirogues s'en vont
Les pirogues s'en viennent
Et mes souvenirs deviennent
Ce que les vieux en fontVeux tu que je dise
Gémir n'est pas de mise
Aux MarquisesTHE MARQUESAS*They talk about death as you talk about a fruitThey look at the sea as you look at a wellWomen are lascivious under the dreaded sunAnd if there's no winter, then it's not summerThe rain runs across, threshes one grain then anotherA few old white horses humming Gauguin*And by lack of breeze, time comes to a standstillAt the MarquesasEvening lights go up and silence pointsGo on growing larger, and the moon draws onAnd the sea tears itself apart, immeasurably brokenBy rocks going now by demented namesAnd then, further, dogs, repentance songsAnd a few pas de deux, and a few dance stepsAnd the night is submissive and the trade wind breaksAt the MarquesasLaughter is in the heart, the word is in the eyesThe heart is wanderer, the future is randomAnd coconut palms pass by, writing love songsThat nearby sisters ignore to ignorePirogues go, pirogues comeAnd my memories become what the old people make of themTell you what, whining isn't appropriateAt the Marquesas.
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Par francesco le 15 Septembre 2021 à 22:59
Georges Brassens.
Mourir pour des idées, l'idée est excellente
Moi j'ai failli mourir de ne l'avoir pas eu
Car tous ceux qui l'avaient, multitude accablante
En hurlant à la mort me sont tombés dessus
Ils ont su me convaincre et ma muse insolente
Abjurant ses erreurs, se rallie à leur foi
Avec un soupçon de réserve toutefois
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente,
D'accord, mais de mort lente
Jugeant qu'il n'y a pas péril en la demeure
Allons vers l'autre monde en flânant en chemin
Car, à forcer l'allure, il arrive qu'on meure
Pour des idées n'ayant plus cours le lendemain
Or, s'il est une chose amère, désolante
En rendant l'âme à Dieu c'est bien de constater
Qu'on a fait fausse route, qu'on s'est trompé d'idée
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente
Les saint jean bouche d'or qui prêchent le martyre
Le plus souvent, d'ailleurs, s'attardent ici-bas
Mourir pour des idées, c'est le cas de le dire
C'est leur raison de vivre, ils ne s'en privent pas
Dans presque tous les camps on en voit qui supplantent
Bientôt Mathusalem dans la longévité
J'en conclus qu'ils doivent se dire, en aparté
"Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente"
Des idées réclamant le fameux sacrifice
Les sectes de tout poil en offrent des séquelles
Et la question se pose aux victimes novices
Mourir pour des idées, c'est bien beau mais lesquelles ?
Et comme toutes sont entre elles ressemblantes
Quand il les voit venir, avec leur gros drapeau
Le sage, en hésitant, tourne autour du tombeau
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente
Encor s'il suffisait de quelques hécatombes
Pour qu'enfin tout changeât, qu'enfin tout s'arrangeât
Depuis tant de "grands soirs" que tant de têtes tombent
Au paradis sur terre on y serait déjà
Mais l'âge d'or sans cesse est remis aux calendes
Les dieux ont toujours soif, n'en ont jamais assez
Et c'est la mort, la mort toujours recommencée
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente
O vous, les boutefeux, ô vous les bons apôtres
Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pas
Mais de grâce, morbleu! laissez vivre les autres!
La vie est à peu près leur seul luxe ici bas
Car, enfin, la Camarde est assez vigilante
Elle n'a pas besoin qu'on lui tienne la faux
Plus de danse macabre autour des échafauds!
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente
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