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Par francesco le 27 Mai 2021 à 10:11
Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux
Même riches ils sont pauvres, ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un coeur pour deux
Chez eux ça sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d'antan
Que l'on vive à Paris on vit tous en province quand on vit trop longtemps
Est-ce d'avoir trop ri que leur voix se lézarde quand ils parlent d'hier
Et d'avoir trop pleuré que des larmes encore leur perlent aux paupières
Et s'ils tremblent un peu est-ce de voir vieillir la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui dit: je vous attends
Les vieux ne rêvent plus, leurs livres s'ensommeillent, leurs pianos sont fermés
Le petit chat est mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanter
Les vieux ne bougent plus leurs gestes ont trop de rides leur monde est trop petit
Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit
Et s'ils sortent encore bras dessus bras dessous tout habillés de raide
C'est pour suivre au soleil l'enterrement d'un plus vieux, l'enterrement d'une plus laide
Et le temps d'un sanglot, oublier toute une heure la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, et puis qui les attend
Les vieux ne meurent pas, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps
Ils se tiennent la main, ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant
Et l'autre reste là, le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère
Cela n'importe pas, celui des deux qui reste se retrouve en enfer
Vous le verrez peut-être, vous la verrez parfois en pluie et en chagrin
Traverser le présent en s'excusant déjà de n'être pas plus loin
Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui leur dit: je t'attends
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non et puis qui nous attend.
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Par francesco le 14 Avril 2021 à 18:32
Guy BÉART
Je n’ai plus de pain
Je n’ai plus de vin
Je n’ai plus que toi, ma vieille
Je n’ai plus que toi
Qui cours à ma voix
La nuit lorsque je m’éveille
Et ma bouche mord
Encor et encor
Le lait que tu me portes
Qu’il est doux alors
Tandis que tout dort
De boire de la sorte
Je n’ai plus de feu
Je n’ai plus de lieu
Je n’ai plus que toi, ma vieille
Si l’aigle a son nid
L’homme a son logis
Et la chatte sa corbeille
Quand la bise me mord
Encor et encor
De tes bras tu me couvres
Et là je m’endors
Bien mieux qu’au-dehors
Ou le roi dans son Louvre
Je n’ai plus de foi
Je n’ai plus de loi
Je n’ai plus que toi, ma vieille
Une fleur m’a pris
Une aile et je suis
Prisonnier comme une abeille
Je l’aime et je mords
Encor et encor
La fleur de l’amertume
Elle est jaune d’or
Depuis je ne dors
La fièvre me consume
Je n’ai plus de fille
Je n’ai plus d’ami
Je n’ai plus que toi, ma vieille
Où sont-ils partis?
Ah dis-le-moi, dis
Toi seule toi qui me veilles
Et pourtant je mords
Encor et encor
La main que tu me donnes
Lorsqu’enfin la mort
La berce et l’endort
Seule elle me pardonne
Lorsque enfin la mort
La berce et l’endort
Seule elle me pardonne
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Par francesco le 19 Décembre 2020 à 10:00
Jean Ferrat
Tu aurais pu vivre encore un peu
Pour notre bonheur pour notre lumière
Avec ton sourire avec tes yeux clairs
Ton esprit ouvert ton air généreux
Tu aurais pu vivre encore un peu
Mon fidèle ami mon copain mon frère
Au lieu de partir tout seul en croisière
Et de nous laisser comme chiens galeux
Tu aurais pu vivre encore un peu
T’aurais pu rêver encore un peu
Te laisser bercer près de la rivière
Par le chant de l’eau courant sur les pierres
Quand des quatre fers l’été faisait feu
T’aurais pu rêver encore un peu
Sous mon châtaignier à l’ombre légère
Laisser doucement le temps se défaire
Et la nuit tomber sur la vallée bleue
T’aurais pu rêver encore un peu
Tu aurais pu jouer encore un peu
Au lieu de lâcher tes boules peuchère
Aujourd’hui sans toi comment va-t-on faire
Dans notre triplette on n’est plus que deux
Tu aurais pu jouer encore un peu
Ne pas t’en aller sans qu’on ait pu faire
A ces rigolos mordre la poussière
Avec un enjeu du tonnerre de Dieu
Tu aurais pu jouer encore un peu
On aurait pu rire encore un peu
Avec les amis des soirées entières
Sur notre terrasse aux roses trémières
Parfumée d’amour d’histoires et de jeux
On aurait pu rire encore un peu
Et dans la beauté des choses éphémères
Caresser nos femmes et lever nos verres
Sans s’apercevoir qu’on était heureux
On aurait pu rire encore un peu
Tu aurais pu vivre encore un peu
Ne pas m’imposer d’écrire ces vers
Toi qui savais bien mon ami si cher
A quel point souvent je suis paresseux
Tu aurais pu vivre encore un peu
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Par francesco le 7 Novembre 2020 à 20:57
Jean-Roger Caussimon
Ma brû m'a conduit par la manche
Jusqu'au p'tit banc qu'est sous l'tilleul.
Y vont s' promener, dame, c'est dimanche!
Je reste là, je suis...l'aïeul.
Je suis né... Bah !... Y a si longtemps
Que ça m' fatigue de faire la somme
De mes hivers ou d' mes printemps
Enfin quoi, j' suis un vieux bonhomme.
Mes prunelles sont d'venues toutes grises.
Depuis que'ques mois, j' peux plus rien voir,
Mais j' devine le temps ! J'ai des crises,
J' suis tout rouillé quand va pleuvoir
Mais aujourd'hui, j' sens qu'y fait clair
Et j'entends qu' c'est plein d'oiseaux, dans l'air
Et qu' dans les branches, c'est plein d'abeilles !
Pas de danger qu'une me pique !
Elles savent que j'leur veux pas du mal
Et qu'jaime écouter leur musique.
J'entends des filles qui vont au bal;
Elles vont, comme ça, par cinq ou six
Et l' soleil leur fait des diadèmes.
C'était pareil, dans l' temps jadis,
Seulement, les filles, c'est plus les mêmes.
On veut pas croire, dans sa jeunesse,
Qu'un beau jour, faudra céder l' pas
On croit que ça dur'ra sans cesse
Ou, mieux encore, on n'y pense pas.
On s' marie, on a des bambins,
On en est fier, on désespère
De les voir grandir, ces bambins
Et puis, un jour, va t' faire lanlaire
Voilà qu' la fille prend du corsage
Et qu' le fils part pour l' régiment.
On s' dit "j' suis dans la force de l'âge"
On se l' redit, jusqu'au moment
Où on s' trouve seul, deuil après deuil.
Et la grand' route qu'on a suivie,
On la r'voit toute, en un clin d'œil.
Que c'est long, que c'est bref, la vie.
Ma brû m'a conduit par la manche
Jusqu'au p'tit banc qu'est sous l' tilleul.
Y vont s' promener, dame, c'est dimanche!
Je reste là, je suis...l'aïeul.
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Par francesco le 26 Octobre 2020 à 00:31
Georges Brassens
J'ai des tombeaux en abondance
Des sépultur's à discrétion
Dans tout cim'tièr' d'quelque importance
J'ai ma petite concession
De l'humble tertre au mausolée
Avec toujours quelqu'un dedans
J'ai des p'tit's boss's plein les allées
Et je suis triste, cependant...Car je n'en ai pas, et ça m'agace
Et ça défrise mon blason
Au cimetièr' du Montparnasse
A quatre pas de ma maisonJ'en possède au Père-Lachaise
A Bagneux, à Thiais, à Pantin
Et jusque, ne vous en déplaise
Au fond du cimetièr' marin
A la vill' comme à la campagne
Partout où l'on peut faire un trou
J'ai mêm' des tombeaux en Espagne
Qu'on me jalouse peu ou prou...Mais j'n'en ai pas la moindre trace
Le plus humble petit soupçon
Au cimetièr' du Montparnasse
A quatre pas de ma maisonLe jour des morts, je cours, je vole
Je vais infatigablement
De nécropole en nécropole
De pierr' tombale en monument
On m'entrevoit sous un' couronne
D'immortelles à Champerret
Un peu plus tard, c'est à Charonne
Qu'on m'aperçoit sous un cyprès...Mais, seul, un fourbe aura l'audace
De dir' : "J'l'ai vu à l'horizon
Du cimetièr' du Montparnasse
A quatre pas de sa maison"Devant l'château d'ma grand-tante
La marquise de Carabas
Ma saint' famille languit d'attente
"Mourra-t-ell', mourra-t-elle pas ?"
L'un veut son or, l'autre veut ses meubles
Qui ses bijoux, qui ses bib'lots
Qui ses forêts, qui ses immeubles
Qui ses tapis, qui ses tableaux...Moi je n'implore qu'une grâce
C'est qu'ell' pass' la morte-saison
Au cimetièr' du Montparnasse
A quatre pas de ma maisonAinsi chantait, la mort dans l'âme
Un jeune homm' de bonne tenue
En train de ranimer la flamme
Du soldat qui lui était connu
Or, il advint qu'le ciel eut marr' de
L'entendre parler d'ses caveaux
Et Dieu fit signe à la camarde
De l'expédier rue Froidevaux...Mais les croqu'-morts, qui étaient de Chartres
Funeste erreur de livraison
Menèr'nt sa dépouille à Montmartre
De l'autr' côté de sa maison
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