•                           jean-jacques goldman la vie par procuration paroles

    Elle met du vieux pain sur son balcon 
    Pour attirer les moineaux les pigeons 
    Elle vit sa vie par procuration 
    Devant son poste de télévision 

    Lever sans réveil, avec le soleil 
    Sans bruit, sans angoisse, la journée se passe 
    Repasser, poussière, y a toujours à faire 
    Repas solitaire, en point de repère 

    La maison si nette, qu'elle en est suspecte 
    Comme tous ces endroits où l'on ne vit pas 
    Les êtres ont cédé, perdu la bagarre 
    Les choses ont gagné, c'est leur territoire 

    Le temps qui nous casse, ne la change pas 
    Les vivants se fanent, mais les ombres pas 
    Tout va, tout fonctionne, sans but sans pourquoi 
    D'hiver en automne, ni fièvre ni froid 

     

    Elle met du vieux pain sur son balcon 
    Pour attirer les moineaux les pigeons 
    Elle vit sa vie par procuration 
    Devant son poste de télévision 
    Elle apprend dans la presse à scandale 
    La vie des autres qui s'étale 
    Mais finalement de moins pire en banal 
    Elle finira par trouver ça normal 

    Elle met du vieux pain sur son balcon 
    Pour attirer les moineaux les pigeons 

    Des crèmes et des bains qui font la peau douce 
    Mais ça fait bien loin que personne ne la touche 
    Des mois des années sans personne à aimer 
    Et jour après jour l'oubli de l'amour 

    Ses rêves et désirs si sages, et possibles 
    Sans cri, sans délires sans inadmissible 
    Sur dix ou vingt pages de photos banales 
    Bilan sans mystères d'années sans lumière 

    Elle met du vieux pain sur son balcon 
    Pour attirer les moineaux les pigeons 
    Elle vit sa vie par procuration 
    Devant son poste de télévision 
    Elle apprend dans la presse à scandale 
    La vie des autres qui s'étale 
    Mais finalement de moins pire en banal 
    Elle finira par trouver ça normal 
    Elle met du vieux pain sur son balcon 
    Pour attirer les moineaux les pigeons 

    Elle apprend dans la presse à scandale 
    La vie des autres qui s'étale 
    Mais finalement de moins pire en banal 
    Elle finira par trouver ça normal 
    Elle met du vieux pain sur son balcon 
    Pour attirer les moineaux les pigeons


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  •                                                        Bernard DIMEY (poème)

    Tu viens c’t’ après-midi à la crucifixion ?
    T’as qu’à v’nir avec moi, ça t’chang’ra les idées !
    Ta bergère est pas là, profit’de l’occasion
    Moi j’ai prév’nu Lévy que j ’prenais ma journée
    J’y ai dit « j’veux voir ça, et pis j’ai mes raisons ! »
    Il a pas pu r’fuser vu qu’il y va, cézigue !
    Ça va ram ’ner du monde et marquer la saison
    C’ t’affair’là, tu vas voir, mais le truc qui m’intrigue
    C’est qu’sur les trois clients qu’ils vont foutre au séchoir
    Y en a deux, paraît-il, qu’on a dû bien connaître
    Ils nous ont fait marron sur un coup d’marché noir
    On ira les r’garder, ça les amus’ra p’t’être

    Quand on avait l’tuyau pour les surplus romains
    J’avais tout préparé, tout mâché la besogne,
    On était cinq su’l’coup, vraiment du cousu-main !
    Quand ils nous ont doublé, on a passé la pogne
    Mais j’dois dire qu’aujourd’hui, je vais bien rigoler
    Comm’quoî, mon vieux cochon, y a tout d’même un’justice
    Comm’disait mon vieux père : « Faut pas tuer ni voler à moins
    D’être certain que le coup réussisse ! »

    Le troisième, il paraît qu’il marche à la gamberge
    Il jacte à droite à gauche, on l’a vu v’nir de loin
    Il est pas vieux du tout, il n’a pas trente-cinq berges
    On n’sait pas bien qui c’est, c’est pas un gars du coin
    C’est un genr’de r’bouteux, il guérit les malades
    Ça fait trois ans, guèr’plus, qu’il est sur le trimard
    N’empêch’que le Pilate et ses p’tits camarades
    L’ont prié d’obéir et d’arrêter son char
    Comm’disait mon vieux père : « La poisse, elle vient tout’seule
    Mais plus tu veux jacter, plus qu’ell’vient rapid’ment
    C’est un’bell’qualité d’savoir fermer sa gueule »
    Mon père, pour un ivrogne, il n’manquait pas d’jug’ment !

    D’ailleurs, en fait d’jug’ment, c’est par là qu’ça commence
    Si tu veux v’nir, tu viens… Moi j’veux pas m foutr’en r’tard
    Tu viens pas… Moi j’m’en vais… J’te dirai c’que j’en pense !
    J’pass’rai pour l’apéro, à sept heures, au plus tard.

    II

    Ça y est, me v’la r’venu, j’en ai les jamb’coupées
    J’ai vu assez d’salauds pour le restant d’mes jours
    Et c’est l’genr’d’histoir’ qui s’ra vite étouffée
    T’en entendras causer, crois-moi, pis mêm’les sourds

    D’abord le tribunal, une vraie rigolade !
    Les carott’ étaient cuites, archi-cuites au début
    Le Pilate s’en foutait, mais les p’tits camarades
    Ça gueulait maximum, aussi fort qu’ils ont pu
    Le mec, il était là, il a pas dit grand-chose
    Et pis j’étais trop loin ; j’ai pas bien entendu
    Tout l’mond’braillaît là-d’dans, mais pour plaider sa cause
    Y a personn’qu’à moufté… Ni l’avocat non plus…
    D’ailleurs, y en n’avait pas ! C’était la mascarade !
    Et j’suis sûr que le gars il est blanc comm’l’agneau
    Tu peux dir’que l’Pîlate et ses p’tits camarades
    Ça fait avec nous autres un’bell’band’de salauds
    On a beau êtr’voyou, viv’comm’des malhonnêtes
    Y a tout d’mêm’des machins qui vous fout’le bourdon…
    Tout était combiné, mêm’Ja croix qu’était prête
    Et quand on vous y colle on sait qu’c’est pour de bon…
    Et pis la croix maint’nant c’est toi qui t’la coltines
    C’est nouveau, j’te préviens, si ça t’arrive un jour
    Tout seul et ça su’l’dos jusqu’en haut d’la colline.
    Il s’est juste arrêté pour faire un p’tit discours,
    Il s’trouvait juste en face d’un ramassis d’bonn’femmes
    Qui chialaient comm’des veaux, faut dir’qu’y avait d’quoi,
    Il leur a dit comm’ça « pour le salut d’vos âmes
    il vaudrait mieux pleurer sur vous-mêmes que sur moi ! »

    Sa vieille elle était là, la pauv’mémère, tout’seule
    Y aurait pas eu un mec pour y donner la main,
    Surtout quand son fiston il s’est cassé la gueule !
    Trois fois d’suite sous les coups d’ces enfoirés d’romains !
    Moi, ça m’a foutu l’noir, pourtant j’suis pas sensible
    Ça m’a tout barbouillé, j’en suis cœur sur carreau !
    Faut dir’que l’populo c’est vraiment des horribles
    Ils sont pour la plupart plus fumiers qu’les bourreaux…

    Bref, je n’suis pas r’venu pour gâcher la soirée…
    Ils l’ont cloué là-d’ssus et tout l’monde est parti…
    Moi j’en suis lessivé, tu parles d’une journée…
    Et tout l’monde est pareil… et pis c’est pas fini

    Les deux autres ? Ah ben oui, pardonn’moi si j’t’excuse
    Hé ben j’les ai pas vus, j’y ai mêm’plus pensé !
    Ils sont toujours là-haut, vas-y si ça t’amuse
    Pour moi ça va comm’ça, j’en ai vu bien assez !
    Paulo, tu m’connais bien, tu sais qu’les innocents
    Je m’en fous complèt’ment, seul’ment pour le quart d’heure
    Je dois dir’que c’que j’ai vu, ça m’a tourné les sangs
    Un mot que j’dis jamais, Paulo…, ça m’a fait peur !


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  •                                                                    Georges Brassens   

                                (Texte posthume - Musique de Jean Bertola)

    Je ne suis pas du tout l’Antéchrist de service,
    J’ai même pour Jésus et pour son sacrifice
    Un brin d’admiration, soit dit sans ironie.
    Car ce n’est sûrement pas une sinécure,
    Non, que de se laisser cracher à la figure
    Par la canaille et la racaille réunies.

    Bien sûr, il est normal que la foule révère
    Ce héros qui jadis partit pour aller faire
    L’alpiniste avant l’heure en haut du Golgotha,
    En portant sur l’épaule une croix accablante,
    En méprisant l’insulte et le remonte-pente,
    Et sans aucun bravo qui le réconfortât!

    Bien sûr, autour du front, la couronne d’épines,
    L’éponge trempée dans Dieu sait quelle bibine,
    Et les clous enfoncés dans les pieds et les mains,
    C’est très inconfortable et ça vous tarabuste,
    Même si l’on est brave et si l’on est robuste,
    Et si le paradis est au bout du chemin.

    Bien sûr, mais il devait défendre son prestige,
    Car il était le fils du ciel, l’enfant prodige,
    Il était le Messie et ne l’ignorait pas.
    Entre son père et lui, c’était l’accord tacite :
    Tu montes sur la croix et je te ressuscite!
    On meurt de confiance avec un tel papa.

    Il a donné sa vie sans doute mais son zèle
    Avait une portée quasi universelle
    Qui rendait le supplice un peu moins douloureux.
    Il savait que, dans chaque église, il serait tête
    D’affiche et qu’il aurait son portrait en vedette,
    Entouré des élus, des saints, des bienheureux.

    En se sacrifiant, il sauvait tous les hommes.
    Du moins le croyait-il! Au point où nous en sommes,
    On peut considérer qu’il s’est fichu dedans.
    Le jeu, si j’ose dire, en valait la chandelle.
    Bon nombre de chrétiens et même d’infidèles,
    Pour un but aussi noble, en feraient tout autant.

    Cela dit je ne suis pas l’Antéchrist de service.     


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  •                                              Si dieu existe    Claude Dubois

    Personne,
    Il n'y a plus personne.
    Mon âme qui s'affole,
    En prenant son envol,
    Me laisse inanimé.Personne,
     
    Personne,
    J'ai besoin, j'ai personne.
    Mon être dégringole,
    Tous mes sens m'abandonnent.
    Je n'sais pas si j'ai peur.
     
    Je regarde d'en haut,
    Le corps de mon esprit.
    Nos visages à l'envers,
    Tout petit, tout petit.
     
    Si Dieu existe,
    Et qu'il t'aime,
    Comme tu aimes
    Les oiseaux.
    Comme un fou, comme un ange.
     
    Tu peux marcher
    Enfin sur les étoiles,
    Aspiré.
    Comme un fou, comme un ange.
     
    Personne,
    Il n'y a plus personne.
    Mon âme qui s'affole,
    En prenant son envol,
    Me laisse inanimé.
     
    Personne,
    J'ai besoin, j'ai personne.
    Mon être dégringole.
    Tous mes sens m'abandonnent.
    Je n'sais pas si j'ai peur.
     
    Tu regardes d'en haut,
    Le corps de ton Esprit.
    Nos visages à l'envers,
    Tout petit, tout petit.
     
    Si Dieu existe,
    Et qu'il t'aime,
    Comme tu aimes
    Les oiseaux.
    Comme un fou, comme un ange.
     
    Tu peux marcher
    Enfin sur les étoiles,
    Aspiré.
    Comme un fou, comme un ange.
     
    Personne...
     
     

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  •                                                                     

                                                           Daniel Balavoine

    Qui ose dire qu'il peut m'apprendre les sentiments 
    Ou me montrer ce qu'il faut faire pour être grand 
    Qui peut changer ce que je porte dans mon sang 
    Qui a le droit de m'interdire d'être vivant 
    De quel côté se trouvent les bons ou les méchants 
    Leurs évangiles ont fait de moi un non croyant 


     
    La vie ne m'apprend rien 
    Je voulais juste un peu parler, choisir un train 
    La vie ne m'apprend rien 
    J'aimerais tellement m'accrocher, prendre un chemin 
    Prendre un chemin 

     

    Mais je n'peux pas, je n'sais pas 
    Et je reste planté là 
    Les lois ne font plus les hommes 
    Mais quelques hommes font la loi 
    Et je n'peux pas, je n'sais pas 
    Et je reste planté là 

     

    A ceux qui croient que mon argent endort ma tête 
    Je dis qu'il ne suffit pas d'être pauvre pour être honnête 
    Ils croient peut-être que la liberté s'achète 
    Que reste-t-il des idéaux sous la mitraille 
    Quand les prêcheurs sont à l'abri de la bataille 
    La vie des morts n'est plus sauvée par des médailles

     

    La vie ne m'apprend rien 
    Je voulais juste un peu parler, choisir un train 
    La vie ne m'apprend rien 
    J'aimerais tellement m'accrocher, prendre un chemin 
    Prendre un chemin 

    Mais je n'peux pas, je n'sais pas 
    Et je reste planté là 
    Les lois ne font plus les hommes 
    Mais quelques hommes font la loi 
    Et je n'peux pas, je n'sais pas 
    Et je reste planté là 

    Je n'peux pas, je n'sais pas 
    Et je reste planté là 
    Les lois ne font plus les hommes 

     


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