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    La petite 
    Marguerite 
    Est tombé', 
    Singulière, 
    Du bréviaire 
    De l'abbé.

    Trois pétales 
    De scandale 
    Sur l'autel, 
    Indiscrète 
    Pâquerette, 
    D'où vient-ell' ?

    Dans l'enceinte 
    Sacro-sainte, 
    Quel émoi ! 
    Quelle affaire, 
    Oui, ma chère, 
    Croyez-moi !

    La frivole 
    Fleur qui vole, 
    Arrive en 
    Contrebande 
    Des plat's-bandes 
    Du couvent.

    Notre Père 
    Qui, j'espère, 
    Etes aux cieux, 
    N'ayez cure 
    Des murmures 
    Malicieux.

    La légère 
    Fleur, peuchère ! 
    Ne vient pas 
    De nonnettes, 
    De cornettes 
    En sabbat.

    Sachez, diantre ! 
    Qu'un jour, entre 
    Deux avé, 
    Sur la pierre 
    D'un calvaire 
    Il l'a trouvé'.

    Et l'a mise, 
    Chose admise 
    Par le ciel, 
    Sans ambages, 
    Dans les pages 
    Du missel.

    Que ces messes 
    Basses cessent, 
    Je vous en prie. 
    Non, le prête 
    N'est pas traître 
    A Marie.

    Que personne 
    Ne soupçonne,

    Puis jamais, 
    La petite 
    Marguerite, 
    Ah ! ça mais...


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                                                                              Henri Tachan

    Voilà qu'en ouvrant les yeux,
    J'me rends compte, crénom de Dieu,
    Qu'j'avais la Foi mais la mauvaise,
    Le dieu qui m'l'a refilée 
    Nichait pas dans l'bénitier,
    Ni sur la Croix ni dans l'ascèse:
    C'était un p'tit dieu cornu,
    Le poil noir, le pied fourchu
    Et les quinquets couleur de braise...
    
    Ah! la bell'e foi, ma fois, la bell'e foi, la mauvaise,
    Ah! ma mauvaise foi vaut bien tout'es vos fadaises!
    
    L'curé qui m'a baptisé,
    Ah ! si j'avais pu lui parler,
    Lui fair'e, j'sais pas, un bras d'honneur!
    En gueulant: "pour ma tétée,
    J'veux plus du bib'ron de lait,
    R'filez moi un téton d'bonn'e sœur!
    Un gros téton bien dodu
    Pour que je m'entraîn'e dessus
    En attendant des jours meilleurs!"
    
    Ah! la bell'e foi, ma fois, la bell'e foi, la mauvaise,
    Ah! ma mauvaise foi vaut bien tout'es vos foutaises!
    
    A ma première confession,
    Quand l'refoulé en jupons
    M'a susurré derrièr'e la grille:
    " Dit'es moi vos vilain'es pensées,
    Tous vos gestes impurs et
    Vos moindres péchés, peccadilles! "
    J'répondis au pèr'e Machin:
    " Caus'e toujours, moi j'y peux rien
    Si vos anges ont des gueul'es de filles!"
    
    Ah! la bell'e foi, ma fois, la bell'e foi, la mauvaise,
    Ah! ma mauvaise foi vaut bien tous vos diocèses!
    
    "En joue ! Gauche! droit'e! demi-tour!"
    Gueulait le con dans la cour
    A not're troupeau de militaires,
    Moi j'm'asseois bien au mitan,
    Sous le nez de l'adjudant
    Qui devient rouge, qui devient vert,
    Et j'lui dis chrétiennement:
    "Jésus était non-violent,
    C'était marqué dans mon bréviaire!"
    
    Ah! la bell'e foi, ma fois, la bell'e foi, la mauvaise,
    Ah! ma mauvaise foi vaut bien vos "Marseillaise"!
    
    Le jour du jug'ment dernier,
    Je f'rai mon dernier pied-d'nez
    Quand on me portera en glaise:
    Devant le cur'ton de malheur,
    Le bedeau, les enfants d'chœur
    Et les p'tites ailes de saint'e Thérèse,
    J'raidirai mon goupillon:
    Pourront pas fermer l'caisson!
    Et je partirai à l'anglaise
    Ah! la bell'e foi, ma fois, la bell'e foi, la mauvaise,
    Ah! ma mauvaise foi vaut bien vos Pèr'e Lachaise!

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  •                                                             Pierre Tisserand/L'apocalypse

    Il y avait sur le chemin
    Une espèce de parchemin
    De Saragosse
    Donnant pour les jours à venir
    Ce qui s'appelle un avenir
    De sale gosse
    Qui par le feu ou le couteau
    Allait nous arriver bientôt
    C'est à la veille
    Et ça fera plus de boucan
    Que dans la tripe d'un volcan
    Qui se réveille
    Ce jour-là, pas besoin d'observer les nues
    Pour annoncer qu'elle est venue
    Venue la fin des temps modernes
    Avec le retour aux cavernes
    Qu'elle est venue, la grande éclipse,
    L'apocalypse

    Quand les pauvres bien décidés
    À ne plus être la proie des
    Chasseurs de prime
    Se fâcheront légalement,
    Quel que soit le Prince Charmant
    Qui les opprime
    Mais que soldats et capucins
    Par le tambour ou le tocsin
    Et l'arbitraire
    S'en viendront leur tanner la peau
    Quitte à décimer le troupeau
    Pour se distraire,
    Ce jour-là, pas besoin d'observer les nues
    Pour annoncer qu'elle est venue
    Venue la fin des temps modernes
    Avec le retour aux cavernes
    Qu'elle est venue, la grande éclipse,
    L'apocalypse

    Quand les grands arbres vigoureux
    Auront chassé les amoureux
    Des beaux dimanches
    Pour redonner les fruits perdus
    Des hommes qui seront pendus
    Aux basses branches
    Et que l'enfant prophétisé
    Sera cette fois baptisé
    Dans la chaux vive
    Dernier né d'une humanité
    Qui n'aura jamais su rester
    Sur le qui-vive,
    Ce jour-là, pas besoin d'observer les nues
    Pour annoncer qu'elle est venue
    Venue la fin des temps modernes
    Avec le retour aux cavernes
    Qu'elle est venue, la grande éclipse,
    L'apocalypse

    Si cette chanson foutre dieu
    M'englue comme font les adieux
    Aux murs des gares,
    C'est que la mort, comme la foi,
    Ça vous arrive quelquefois
    Sans crier gare
    L'apocalypse


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  •                                      MAURICE FANON

    A LA JÉSUS

    Avec ses cheveux à la Jésus 
    Avec ses yeux d'ange déchu 
    Avec ses mains de pharisienne 
    Avec son sourire de chrétienne 

    Elle avait l'air en marchant dans ma rue 
    De chercher sur la terre le paradis perdu

    Et c'est pour ça quand elle m'a dit 
    Un peu beaucoup à la folie 
    Et c'est pour ça que je l'ai crue 
    Un peu beaucoup à la folie 

    Avec ses cheveux à la Jésus 
    Avec ses yeux d'ange déchu 
    Avec ses mains de pharisienne 
    Avec son sourire de chrétienne 
     

    Elle avait l'air devant Monsieur le Maire 
    D'avoir trouvé sur terre le paradis perdu 
    Et c'est pour ça quand elle m'a dit                                                                                               C'est pour la vie, c'est pour la vie 
    Et c'est pour ça que je l'ai crue 
    C'est pour la vie, c'est pour la vie 

    Avec ses cheveux à la Jésus 
    Avec ses yeux d'ange déchu 
    Avec ses mains de pharisienne 
    Avec son sourire de chrétienne 

    Elle avait l'air quand je rentrais le soir 
    De ne jamais me voir quand je lui disais bonsoir 
    Et c'est pour ça quand elle m'a dit 
    Que j'avais vieilli, que j'avais vieilli 
    Et c'est pour ça que je l'ai crue 
     
    Et j'ai vieilli, et j'ai vieilli 

    Avec ses cheveux à la Jésus 
    Avec ses yeux d'ange déchu 
    Avec ses mains de pharisienne 
    Avec son sourire de chrétienne 

    Elle avait l'air quand elle l'a rencontré 
    D'avoir enfin trouvé son paradis perdu 
    Et c'est pour ça quand elle m'a dit 
    Que c'était fini, que c'était fini 
    Et c'est pour ça que je l'ai crue 
    Et je suis parti, et je suis parti, et je suis parti, et je suis parti....


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  •                                            Georges Brassens

    LE GRAND PAN

    Du temps que régnait le Grand Pan, 
    Les dieux protégeaient les ivrognes 
    Des tas de génies titubants 
    Au nez rouge, à la rouge trogne. 
    Dès qu'un homme vidait les cruchons, 
    Qu'un sac à vin faisait carousse 
    Ils venaient en bande à ses trousses 
    Compter les bouchons. 
    La plus humble piquette était alors bénie, 
    Distillée par Noé, Silène, et compagnie. 
    Le vin donnait un lustre au pire des minus, 
    Et le moindre pochard avait tout de Bacchus. 
    Mais en se touchant le crâne, en criant " J'ai trouvé " 
    La bande au professeur Nimbus est arrivée 
    Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement, 
    Chasser les Dieux du Firmament. 
    Aujourd'hui ça et là, les gens boivent encore, 
    Et le feu du nectar fait toujours luire les trognes. 
    Mais les dieux ne répondent plus pour les ivrognes. 
    Bacchus est alcoolique, et le grand Pan est mort.

    Quand deux imbéciles heureux 
    S'amusaient à des bagatelles, 
    Un tas de génies amoureux 
    Venaient leur tenir la chandelle. 
    Du fin fond des Champs Elysées 
    Dès qu'ils entendaient un " Je t'aime ", 
    Ils accouraient à l'instant même 
    Compter les baisers. 
    La plus humble amourette 
    Était alors bénie 
    Sacrée par Aphrodite, Éros, et compagnie. 
    L'amour donnait un lustre au pire des minus, 
    Et la moindre amoureuse avait tout de Vénus. 
    Aujourd'hui ça et là, les cœurs battent encore, 
    Et la règle du jeu de l'amour est la même. 
    Mais les dieux ne répondent plus de ceux qui s'aiment. 
    Vénus s'est faite femme, et le grand Pan est mort.

    Et quand fatale sonnait l'heure 
    De prendre un linceul pour costume 
    Un tas de génies l'œil en pleurs 
    Vous offraient des honneurs posthumes. 
    Et pour aller au céleste empire, 
    Dans leur barque ils venaient vous prendre. 
    C'était presque un plaisir de rendre 
    Le dernier soupir. 
    La plus humble dépouille était alors bénie, 
    Embarquée par Caron, Pluton et compagnie. 
    Au pire des minus, l'âme était accordée, 
    Et le moindre mortel avait l'éternité. 
    Aujourd'hui ça et là, les gens passent encore, 
    Mais la tombe est hélas la dernière demeure 
    Les dieux ne répondent plus de ceux qui meurent. 
    La mort est naturelle, et le grand Pan est mort.

    Et l'un des dernier dieux, l'un des derniers suprêmes, 
    Ne doit plus se sentir tellement bien lui-même 
    Un beau jour on va voir le Christ 
    Descendre du calvaire en disant dans sa lippe 
    " Merde je ne joue plus pour tous ces pauvres types. 
    J'ai bien peur que la fin du monde soit bien triste.


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