•                                                                         Guy Béart

    Que chacun donne sa lumière
    Lumière de jour ou de nuit
    Chandelle douce des chaumières
    Hauts-fourneaux dans la suie
    Enfants messagers d'étincelles
    Mais si mais si
    Langues de feu des jouvencelles
    Chaque homme ici est le messie

    Et chaque femme et chaque mère
    Au ventre plat ou arrondi
    C'est sûr et certain qu'elle espère
    De porter le messie
    Non seulement les saints et les saintes
    Mais si mais si
    Chaque femme vierge ou enceinte
    Elle aussi elle est le messie

    C'est Bouddha qui revient sur Terre
    Moïse et Mahomet aussi
    Jésus a mis sa robe claire
    Le vois-tu le voici
    Pythagore est en salopette
    Mais si mais si
    Descartes roule à bicyclette
    Ils sont rapides ces messies

    Trois milliards au moins de prophètes
    Ça peut vous paraître inouï
    Pour le combat et pour la fête
    Nous voilà réunis
    D'abord d'Amérique latine
    Mais si mais si
    Comme autrefois de Palestine
    Quand n'est venu qu'un seul Messie

    J'ai crié au secours dans l'ombre
    Tout le monde a dit: me voici
    Des villes-déserts des décombres
    Tout le mounde est sorti
    Ils sont noirs blancs jaunes et rouges
    Métis aussi
    Sur mon appel la Terre bouge
    La Terre entière est le Messie
    Mais si.


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  •                                             Michel Maffrand

    Mon Dieu que j'en suis à mon aise
    Quand ma mie est auprès de moi
    Tout doucement je la regarde
    Et je lui dis embrasse-moi
    Tout doucement je la regarde
    Et je lui dis embrasse-moi
     
    Comment veux-tu que je t'embrasse
    Tout le monde dit mal de toi
    On dit que tu pars pour l'armée
    Dans le Piémont servir le roi
    On dit que tu pars pour l'armée
    Dans le Piémont servir le roi
     
    Quand tu seras dans ces campagnes
    Tu n'y penseras plus à moi
    Tu penseras aux Italiennes
    Qui sont bien plus belles que moi
    Tu penseras aux Italiennes
    Qui sont bien plus belles que moi
     
    Si fait, si fait, si fait ma belle
    J'y penserai toujours à toi
    Je m'en ferai faire une image
    Toute à la semblance de toi
    Je m'en ferai faire une image
    Toute à la semblance de toi
     
    Quand je serai à table boire
    À tous mes amis je dirai
    Chers camarades, venez voir
    Celle que mon cœur a tant aimée
    Chers camarades, venez voir
    Celle que mon cœur a tant aimée
     
    Je l'ai aimée, je l'aime encore
    Je l'aimerai tant que je vivrai
    Je l'aimerai quand j'serai mort
    Si c'est permis aux trépassés
    Je l'aimerai quand j'serai mort
    Si c'est permis aux trépassés
     
    Alors j'ai versé tant de larmes
    Que trois moulins en ont tourné
    Petits ruisseaux, grandes rivières
    Pendant trois jours ont débordé
    Petits ruisseaux, grandes rivières
    Pendant trois jours ont débordé
     
    Mon Dieu que j'en suis à mon aise
    Quand ma mie est auprès de moi
    Tout doucement je la regarde
    Et je lui dis embrasse-moi
    Tout doucement je la regarde
    Et je lui dis embrasse-moi
     

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  •                                         Georges Brassens

    Venez, vous dont l'œil étincelle
    Pour entendre une histoire encor
    Approchez: je vous dirai celle
    De doña Padilla del Flor
    Elle était d'Alanje, où s'entassent
    Les collines et les halliers
    Enfants, voici des bœufs qui passent
    Cachez vos rouges tabliers
    Il est des filles à Grenade
    Il en est à Séville aussi
    Qui, pour la moindre sérénade
    A l'amour demandent merci
    Il en est que parfois embrassent
    Le soir, de hardis cavaliers
    Enfants, voici des bœufs qui passent
    Cachez vos rouges tabliers
    Ce n'est pas sur ce ton frivole
    Qu'il faut parler de Padilla
    Car jamais prunelle espagnole
    D'un feu plus chaste ne brilla
    Elle fuyait ceux qui pourchassent
    Les filles sous les peupliers
    Enfants, voici des bœufs qui passent
    Cachez vos rouges tabliers
    Elle prit le voile à Tolède
    Au grand soupir des gens du lieu
    Comme si, quand on n'est pas laide
    On avait droit d'épouser Dieu
    Peu s'en fallut que ne pleurassent
    Les soudards et les écoliers
    Enfants, voici des bœufs qui passent
    Cachez vos rouges tabliers
    Or, la belle à peine cloîtrée
    Amour en son cœur s'installa
    Un fier brigand de la contrée
    Vint alors et dit: "Me voilà!"
    Quelquefois les brigands surpassent
    En audace les chevaliers
    Enfants, voici des bœufs qui passent
    Cachez vos rouges tabliers
    Il était laid: les traits austères
    La main plus rude que le gant
    Mais l'amour a bien des mystères
    Et la nonne aima le brigand
    On voit des biches qui remplacent
    Leurs beaux cerfs par des sangliers
    Enfants, voici des bœufs qui passent
    Cachez vos rouges tabliers
    La nonne osa, dit la chronique
    Au brigand par l'enfer conduit
    Aux pieds de Sainte Véronique
    Donner un rendez-vous la nuit
    A l'heure où les corbeaux croassent
    Volant dans l'ombre par milliers
    Enfants, voici des bœufs qui passent
    Cachez vos rouges tabliers
    Or quand, dans la nef descendue
    La nonne appela le bandit
    Au lieu de la voix attendue
    C'est la foudre qui répondit
    Dieu voulu que ses coups frappassent
    Les amants par Satan liés
    Enfants, voici des bœufs qui passent
    Cachez vos rouges tabliers
    Cette histoire de la novice
    Saint Ildefonse, abbé, voulut
    Qu'afin de préserver du vice
    Les vierges qui font leur salut
    Les prieurs la racontassent
    Dans tous les couvents réguliers
    Enfants, voici des bœufs qui passent
    Cachez vos rouges tabliers
     
       Paroliers : Georges Charles Brassens / Victor Marie Hugo

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  •                                     Jacques Brel

    Vieux musicien, fais-moi rêver
    Jusqu'au matin, reste courbé
    Sur ton accordéon, ton accordéon tout blanc
    Fais rêver
    Fais valser
    Fais tourner mes vingt ans

    Vieux musicien, fais-moi rêver
    Aux quatre coins de la vie
    Et pour qu'on lui pardonne
    La vie met ses cheveux gris
    Et pour nous, accordéonne

    Vieux musicien, fais-moi rêver
    Jusqu'au matin, reste courbé
    Sur ton accordéon, ton accordéon tout bleu
    Fais rêver
    Fais valser
    Nos deux coeurs amoureux

    Vieux musicien, fais-moi aimer
    Aux quatre coins de l'amour
    Et pour qu'on lui pardonne
    La vie vient nous dire bonjour
    Et pour nous, accordéonne

    Vieux musicien, fais-moi pleurer
    Jusqu'au matin, reste courbé
    Sur ton accordéon, ton accordéon tout noir
    Fais pleurer
    Fais rêver
    Nos deux coeurs sans espoir

    Vieux musicien, fais-moi pleurer
    Aux quatre coins de la vie
    Et pour se venger de nous
    La vie met ses cheveux gris
    Pour nous dire qu'elle s'en fout


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  •                    Jacques Brel 

    Ils sont plus de deux mille
    Et je ne vois qu`eux deux
    La pluie les a soudés
    Semble-t-il l`un à l`autre
    Ils sont plus de deux mille
    Et je ne vois qu`eux deux

    Et je les sais qui parlent
    Il doit lui dire: je t`aime
    Elle doit lui dire: je t`aime
    Je crois qu`ils sont en train
    De ne rien se promettre
    C`est deux-là sont trop maigres
    Pour être malhonnêtes

     

    Ils sont plus de deux mille
    Et je ne vois qu`eux deux
    Et brusquement ils pleurent
    Ils pleurent à gros bouillons
    Tout entourés qu`ils sont
    D`adipeux en sueur
    Et de bouffeurs d`espoir
    Qui les montrent du nez
    Mais ces deux déchirés
    Superbes de chagrin
    Abandonnent aux chiens
    L`espoir de les juger

    refrain

    Et maintenant ils pleurent
    Je veux dire tous les deux
    Tout à l`heure c`était lui
    Lorsque je disais il
    Tout encastrés qu`ils sont
    Ils n`entendent plus rien
    Que les sanglots de l`autre
    Et puis infiniment
    Comme deux corps qui prient
    Infiniment lentement ces deux corps
    Se séparent et en se séparant
    Ces deux corps se déchirent
    Et je vous jure qu`ils crient
    Et puis ils se reprennent
    Redeviennent un seul
    Redeviennent le feu
    Et puis se redéchirent
    Se tiennent par les yeux
    Et puis en reculant
    Comme la mer se retire
    Ils consomment l`adieu
    Ils bavent quelques mots
    Agitent une vague main
    Et brusquement ils fuient
    Fuient sans se retourner
    Et puis il disparaît
    Bouffé par l`escalier


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