•                                       Claude Nougaro

    Dans une ferme du Poitou
    Un coq aimait une pendule
    Tous les goûts sont dans la nature...
    D'ailleurs ce coq avait bon goût
    Car la pendule était fort belle
    Et son tictac si doux si doux
    Que le temps ne pensait surtout
    Qu'à passer son temps auprès d'elle

    Dans une ferme du Poitou
    Un coq aimait une pendule
    De l'aube jusqu'au crépuscule
    Et même la nuit comme un hibou
    L'amour le rendant coqtambule
    Des cocoricos plein le cou
    Le coq rêvait à sa pendule
    Du Poitou

    Dans une ferme du Poitou
    Un coq aimait une pendule
    Ça faisait des conciliabules
    Chez les cocottes en courroux
    "Qu'est–ce que c'est que ce coq, ce cocktail
    Ce drôle d'oiseau, ce vieux coucou
    Qui nous méprise et qui ne nous
    Donne jamais un petit coup dans l'aile?"

    Dans une ferme du Poitou
    Un coq aimait une pendule
    Ah, mesdames, vous parlez d'un Jules!
    Le voila qui chante à genoux
    "O ma pendule je t'adore
    Ah! laisse–moi te faire la cour
    Tu es ma poule aux heures d'or
    Mon amour"

    Dans une ferme du Poitou
    Un coq aimait une pendule
    Il est temps de venir à bout
    De cette fable ridicule
    De cette crête à testicules
    Qui chante l'aurore à minuit
    Il avance ou bien je recule
    Se disait notre horlogerie

    Qui trottinait sur son cadran
    Du bout de ses talons aiguille
    En écoutant son don Juan
    Lui seriner sa séguedille
    Pour imaginer son trépas
    Point n'est besoin d'être devin
    La pendule sonne l'heure du repas
    Coq au vin

    Dans une ferme du Poitou
    Un coq aimait une pendule...


    votre commentaire
  •          Henri Tachan

    Comme la mousse,
    Comme la source
    Qui s’enroule et jaillit,
    Comme la terre
    Et la litière,
    Comme à l’oiseau le nid,
    Comme les langes,
    Les ailes d’anges
    Autour des tout petits,
    Comme la chair
    De cette mère,
    Le ventre de la Vie...

    Le Lit,
    Petit,
    Nous escorte,
    Au gré du vent,
    Jusque devant
    La Porte,
    Le Lit,
    Petit,
    Nous inonde,
    Quand on est pris,
    Quand on arri-
    Ve au Monde!

    Comme une plaine,
    Une fontaine
    Dans la ville endormie,
    Comme une lande,
    Un noman’s land
    En pays ennemi,
    Comme un repère,
    Une lumière
    Tout au bout de la nuit,
    Comme un refuge
    Sous le déluge,
    Une arche de la Vie...

    Le Lit,
    Ma Mie,
    Nous surveille,
    Quand on se prend
    Au nez des gens
    Qui veillent,
    Le Lit,
    Ma Mie,
    Nous protège,
    Quand on s’endort
    Et que dehors
    Il neige!

    Comme une route
    Qui nous déroute
    Et qui ne mène à rien,
    Comme l’ultime
    Sommet ou cime
    A portée de nos mains,
    Comme ce somme
    Qui dure en somme
    Dix siècl’es, peut-être vingt,
    Comm’e cette pause
    Dont on nous cause
    Dans l’Evangile Machin...

    Le Lit,
    Amis,
    Nous recueille,
    De ci, de là,
    Pareils à cet-
    Te feuille,
    Le Lit,
    Amis,
    Me fait peur,
    Quand on s’y tord,
    Qu’on s’y endort,
    Qu’on meurt.


    votre commentaire
  •           Pierre Perret

    Elle pile le riz
    Dans la douceur du soir
    A l'heure de l'espoir
    Quand les bêtes vont boire
    Et le sein fleuri
    D'une goutte de lait
    Arrose le palais
    D'un enfant qui sourit

    REFRAIN:
    C'est le chant du riz pilé
    Riz pilé riz pilé
    C'est le chant du riz pilé
    Riz pilé

    Elle pile le riz
    Et son long cou d'ébène
    Est luisant de petits
    Ruisselets de sa peine
    Le geste rythmé
    Du pilon en colère
    Fait danser son collier
    De petits bouts de verre


    Elle pile le riz
    Ici rien n'a changé
    Chaque perle de pluie
    S'en va aux étrangers
    Et pour ses petits
    La carangue séchée
    Que son bonhomme a pris
    Fera quatre bouchées


    Elle pile le riz
    Et il coule de l'eau
    Mais ses yeux de Cabri
    N'endiguent pas le flot
    Elle supportera
    Dès le prochain été
    Tout le poids de son ventre
    A nouveau habillé


    Elle pile le riz
    L'amertume attisée
    Quand retentit le cri
    Des fillettes excisées
    Elle revoit surtout
    Ses frères indifférents
    Quand s'écoulait le sang
    Inondant ses genoux


    Elle pile le riz
    Près des blocs de béton
    De la cotonnerie
    Ou y a pas de coton
    C'est aux messieurs blancs
    Qui soulagent la misère
    En tirant l'éléphant
    De leur hélicoptère


    votre commentaire
  •                                                    Georges Brassens

    Ayant avecques lui toujours fait bon ménage
    J'eusse aimé célébrer sans être inconvenant
    Tendre corps féminin ton plus bel apanage
    Que tous ceux qui l'ont vu disent hallucinant.

    C'eût été mon ultime chant mon chant du cygne
    Mon dernier billet doux mon message d'adieu
    Or malheureusement les mots qui le désignent
    Le disputent à l'exécrable à l'odieux.

    C'est la grande pitié de la langue française
    C'est son talon d'Achille et c'est son déshonneur
    De n'offrir que des mots entachés de bassesse
    A cette incomparable instrument de bonheur.

    Alors que tant de fleurs ont des noms poétiques
    Tendre corps féminin' c'est fort malencontreux
    Que la fleur la plus douce la plus érotique
    Et la plus enivrante en ait de plus scabreux.

    Mais le pire de tous est un petit vocable
    De trois lettres pas plus familier coutumier
    Il est inexplicable il est irrévocable
    Honte à celui-là qui l'employa le premier

    Honte à celui-là qui par dépit par gageure
    Dota de même terme en son fiel venimeux
    Ce grand ami de l'homme et la cinglante injure
    Celui-là c'est probable en était un fameux.

    Misogyne à coup sûr asexué sans doute
    Au charmes de Vénus absolument rétif
    Etait ce bougre qui toute honte bue toute
    Fit ce rapprochement d'ailleurs intempestif.

    La malpeste soit de cette homonymie
    C'est injuste madame et c'est désobligeant
    Que ce morceau de roi de votre anatomie
    Porte le même nom qu'une foule de gens.

    Fasse le ciel dans un trait de génie
    Un poète inspiré que Pégase soutient
    Donne en effaçant d'un coup des siècles d'avanie
    A cette vraie merveille un joli nom chrétien

    En attendant madame il semblerait dommage
    Et vos adorateurs en seraient tous peinés
    D'aller perdre de vue que pour lui rendre hommage
    Il est d'autre moyen et que je les connais
    Et que je les connais.


    votre commentaire
  •                                Georges Brassens                                               

    Il suffit de passer le pont,
    C'est tout de suite l'aventure !
    Laisse-moi tenir ton jupon,
    J' t'emmèn' visiter la nature !
    L'herbe est douce à Pâques fleuri's...
    Jetons mes sabots, tes galoches,
    Et, légers comme des cabris,
    Courons après les sons de cloches !
    Dinn din don ! les matines sonnent
    En l'honneur de notre bonheur,
    Ding ding dong ! faut l' dire à personne :
    J'ai graissé la patte au sonneur.

    Laisse-moi tenir ton jupon,
    Courons, guilleret, guillerette,
    Il suffit de passer le pont,
    Et c'est le royaum' des fleurettes...
    Entre tout's les bell's que voici,
    Je devin' cell' que tu préfères...
    C'est pas l' coquelicot, Dieu merci !
    Ni l' coucou, mais la primevère.
    J'en vois un' blotti' sous les feuilles,
    Elle est en velours comm' tes jou's.
    Fais le guet pendant qu' je la cueille :
    " Je n'ai jamais aimé que vous ! "

    Il suffit de trois petits bonds,
    C'est tout de suit' la tarentelle,
    Laisse-moi tenir ton jupon,
    J'saurai ménager tes dentelles...
    J'ai graissé la patte au berger
    Pour lui fair' jouer une aubade.
    Lors, ma mi', sans croire au danger,
    Faisons mille et une gambades,
    Ton pied frappe et frappe la mousse...
    Si l' chardon s'y pique dedans,
    Ne pleure pas, ma mi' qui souffre :
    Je te l'enlève avec les dents !

    On n'a plus rien à se cacher,
    On peut s'aimer comm' bon nous semble,
    Et tant mieux si c'est un péché :
    Nous irons en enfer ensemble !

    Il suffit de passer le pont,
    Laisse-moi tenir ton jupon.
    Il suffit de passer le pont,
    Laisse-moi tenir ton jupon.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique