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Par francesco le 5 Mai 2021 à 23:32
Marie-Josée Neuville
Parmi la foule automatiqueDans le métro il me tenaitD'affreux propos pornographiquesAuxquels rien je ne comprenaisEn expertise digitaleUne main chercheuse et discrèteSur ma colonne vertébraleTapotait une musiquetteJe savais qu'en cette occurrenceLe mieux était de ne rien direMa mère ayant eu la prudenceEn son temps de m'en avertirUn souffle puissant d'asthmatiqueEt malodorant par surcroîtM'obligeait à une gymnastiquePour m'éloigner du maladroitÀ me voir frétiller de la sorteUne dame en courroux s'écria"Pour la bagatelle de la porteElles sont championnes à cet âge-là"Je savais qu'en cette occurrenceLe mieux était de ne rien direMa mère ayant eu la prudenceEn son temps de m'en avertirEn me retournant sans douceurPour insulter le téméraireJe m'aperçus avec stupeurQu'il était presque octogénaireC'était un barbu abondantEt le visage débonnaireQu'on voit sur les billets d' cinq centsLui ressemblait comme un vieux frèreJe compris qu'en cette occurrenceLe mieux était de ne rien direMa mère ayant eu la prudenceEn son temps de m'en avertirMais au diable les convenancesQue m'enseignait ma mamanPeut-être qu'en cette circonstanceElle en aurait fait tout autantJ'apostrophai le vieux butorAvant de franchir la portière"Souvenez-vous d'Hugo VictorRelisez l'art d'être grand-père"
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Par francesco le 5 Mai 2021 à 11:15
Pierre Bachelet
Partir un beau matin
Ni voleur, ni bandit
Certain d'être certain
Epris d'avoir comprisD'hôtels de campagne
En duvet canicule
Atteindre enfin l'Espagne
Entrer en péninsuleMarseille Quel joli nom pour un garçon
Séville, Quel beau prénom pour une fille
Marseille SévilleEn bouffées étouffantes
L'éventail l'évente
Elle décroise ses jambes
Hâlées par la descenteAux ruelles ombragées
Aux reflux maritimes
Les muses des musées
Miro PicassisimeMarseille Quel joli nom pour un garçon
Séville, Quel beau prénom pour une fille
Marseille SévilleD'hôtels de campagne
En duvet canicule
Atteindre enfin l'Espagne
Entrer en péninsulePartir un beau matin
Ni voleur, ni bandit
Certain d'être certain
Epris d'avoir comprisVu d'un môle à la Maure
Perdue dans le brouillard
L'Europe s'accroche encore
Au mirage GibraltarMarseille Quel joli nom pour un garçon
Séville, Quel beau prénom pour une fille
Marseille SévilleVu d'un môle à la Maure
Perdue dans le brouillard
L'Europe s'accroche encore
Au mirage GibraltarMarseille Quel joli nom pour un garçon
Séville, Quel beau prénom pour une fille
Marseille SévilleMarseille Séville
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Par francesco le 16 Avril 2021 à 00:33
Léo Ferré
Bipède volupteur de lyre
époux châtré de Polymnie
Vérolé de lune à confire
Grand-duc bouillon des librairies
Maroufle à pendre à l'hexamètre
Voyou décliné chez les grecs
Albatros à chaîne et à guêtres
Cigale qui claque du becPoète, vos papiers !
J'ai bu du Waterman et j'ai bouffé Littré
Et je repousse du goulot de la syntaxe
A faire se pâmer les précieux à l'arrêt
La phrase m'a poussé au ventre comme un axeJ'ai fait un bail de trois six neuf aux adjectifs
Qui viennent se dorer le mou à ma lanterne
Et j'ai joué au casino les subjonctifs
La chemise à Claudel et les cons dits « modernes »Syndiqué de la solitude
Museau qui dévore que couic
Sédentaire des longitudes
Phosphaté des dieux chair à flic
Colis en souffrance à la veine
Remords de la Légion d'honneur
Tumeur de la fonction urbaine
Don Quichotte du crève-coeurPoète, vos papiers !
Le dictionnaire et le porto à découvert
Je débourre des mots à longueur de pelure
J'ai des idées au frais de côté pour l'hiver
A rimer le bifteck avec les engeluresCependant que Tzara enfourche le bidet
A l'auberge dada la crotte est littéraire
Le vers est libre enfin et la rime en congé
On va pouvoir poétiser le prolétaireSpécialiste de la mistoufle
émigrant qui pisse aux visas
Aventurier de la pantoufle
Sous la table du Nirvana
Meurt-de-faim qui plane à la Une
écrivain public des croquants
Anonyme qui s'entribune
à la barbe des continentsPoète, vos papiers !
Littérature obscène inventée à la nuit
Onanisme torché au papier de Hollande
Il y'a partouze à l'hémistiche mes amis
Et que m'importe alors Jean Genêt que tu bandesLa poétique libérée c'est du bidon
Poète prends ton vers et fous-lui une trempe
Mets-lui les fers au pieds et la rime au balcon
Et ta Muse sera sapée comme une vampCitoyen qui sent de la tête
Papa gâteau de l'alphabet
Maquereau de la clarinette
Graine qui pousse des gibets
Châssis rouillé sous les démences
Corridor pourri de l'ennui
Hygiéniste de la romance
Rédempteur falot des lundisPoète, vos papiers !
Que l'image soit rogue et l'épithète au poil
La césure sournoise certes mais correcte
Tu peux vêtir ta Muse ou la laisser à poil
L'important est ce que ton ventre lui injecteSes seins oblitérés par ton verbe arlequin
Gonfleront goulûment la voile aux devantures
Solidement gainée ta lyrique putain
Tu pourras la sortir dans la LittératureVentre affamé qui tend l'oreille
Maraudeur aux bras déployés
Pollen au rabais pour abeille
Tête de mort rasée de frais
Rampant de service aux étoiles
Pouacre qui fait dans le quatrain
Masturbé qui vide sa moelle
A la devanture du coinPoète, ... circulez !
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Par francesco le 4 Avril 2021 à 10:33
Daniel Balavoine
Je m'présente, je m'appelle Henri
J'voudrais bien réusiir ma vie, être aimé
Etre beau gagner de l'argent
Puis surtout être intelligent
Mais pour tout ça il faudrait que j'bosse à plein tempsJ'suis chanteur, je chante pour mes copains
J'veux faire des tubes et que ça tourne bien, tourne bien
J'veux écrire une chanson dans le vent
Un air gai, chic et entraînant
Pour faire danser dans les soirées de Monsieur DurandEt partout dans la rue
J'veux qu'on parle de moi
Que les filles soient nues
Qu'elles se jettent sur moi
Qu'elles m'admirent, qu'elles me tuent
Qu'elles s'arrachent ma vertuPour les anciennes de l'école
Devenir une idole
J'veux que toutes les nuits
Essoufflées dans leurs lits
Elles trompent leurs maris
Dans leurs rêves mauditsPuis après je f'rai des galas
Mon public se prosternera devant moi
Des concerts de cent mille personnes
Où même le tout-Paris s'étonne
Et se lève pour prolonger le combatEt partout dans la rue
J'veux qu'on parle de moi
Que les filles soient nues
Qu'elles se jettent sur moi
Qu'elles m'admirent, qu'elles me tuent
Qu'elles s'arrachent ma vertuPuis quand j'en aurai assez
De rester leur idole
Je remont'rai sur scène
Comme dans les années folles
Je f'rai pleurer mes yeux
Je ferai mes adieuxEt puis l'année d'après
Je recommencerai
Et puis l'année d'après
Je recommencerai
Je me prostituerai
Pour la postéritéLes nouvelles de l'école
Diront que j'suis pédé
Que mes yeux puent l'alcool
Que j'fais bien d'arrêter
Brûleront mon auréole
Saliront mon passéAlors je serai vieux
Et je pourrai crever
Je me cherch'rai un Dieu
Pour tout me pardonner
J'veux mourir malheureux
Pour ne rien regretter
J'veux mourir malheureux
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Par francesco le 19 Mars 2021 à 00:35
Jacques Bertin
C'est le cœur qui a mal, je crois, Mario, c'est le cœur
simplement
Mais d'une si infiniment infime douleur qu'un violon
Ne saurait, même au plus ténu de son registre, l'apaiser
Mario, à peine comme au loin les jours de pluie une fumée
Comme l'invisible dessin d'un vol d'oiseau dans l'air
limpide
Une douleur. Mais tout est calme. Aucun de ces élancements
Du sang. Et point de ces amas au ciel menaçants de nuages
Non plus le désespoir violent comme un saccage. C'est le
cœur
Simplement épinglé, Mario, le cœur cloué comme une image
Sur une vie aux couleurs d'eau, sur un décor aux couleurs
mortes
Ou comme une affiche, Mario, séchée sur une porte
Et dont un lambeau bouge à l'air léger
Le cœur qui dit d'une manière si timide qu'il ne peut
Aller plus loin dans cette vie destinée pourtant au grand
large
Or l'univers inflexible grince sous la corne et se charge
De nous, tout comme l'œil implacable des gens
Suis-je si vieux? Moi qui parlais au temps qu'il fait comme
un prophète
À la religion bonne et gaie, toute bataille m'était fête
Je suis comme si un huissier, portant bien haut le
candélabre
En plein jour, dans mon propre cœur, parmi les dunes
m'emmenait
Où je m'enfonce à chaque pas, perdant le souffle sous le
masque
À moins que ce ne soit mon cœur, mon vieux Mario, là,
cette barque
Enfouie dans la marée de sable et par une herbe douce aux
pieds
Recouverte et tenue par la ligne sans vie des peupliers
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Par francesco le 11 Mars 2021 à 09:59
Claude Nougaro
Ce qu'il faut dire de fadaises
Pour voir enfin du fond de son lit
Un soutien-gorge sur une chaise
Une paire de bas sur un tapis
Nous les coureurs impénitents
Nous les donjujus, nous les don JuanMais chaque fois que l'on renifle
La piste fraîche du jupon
Pour un baiser, pour une gifle
Sans hésiter nous repartons
La main frôleuse et l'œil luisant
Nous les donjujus, nous les don JuanLe seul problème qu'on se pose
C'est de séparer en deux portions
Cinquante-cinq kilos de chair rose
De cinquante-cinq grammes de nylon
C'est pas toujours un jeu d'enfant
Pour un donjuju, pour un don JuanLe mannequin, la manucure
La dactylo, l'hôtesse de l'air
Tout est bon pour notre pâture
Que le fruit soit mûr ou qu'il soit vert
Faut qu'on y croque à belles dents
Nous les donjujus, nous les don JuanMais il arrive que le cœur s'accroche
Aux épines d'une jolie fleur
Ou qu'elle nous mette dans sa poche
Sous son mouchoir trempé de pleurs
C'est le danger le plus fréquent
Pour un donjuju, pour un don JuanNous les coureurs du tour de taille
Nous les gros croqueurs de souris
Il faut alors livrer bataille
Ou bien marcher vers la mairie
Au bras d'une belle-maman
Pauvres donjujus, pauvres don JuanNous tamiserons les lumières
Même quand la mort viendra sonner
Et nous dirons notre prière
Sour un chapelet de grains de beauté
Et attendant le jugement
Nous les donjujus, nous les don Juan
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Par francesco le 12 Janvier 2021 à 10:01
Paroles de la chanson Lucille par Michel Jonasz
J'm'en rappelle y avait dans ma ville
Une fille qui s'appelait Lucille.
Un vieux rock portait son nom
Mais son coeur était un bloc de béton.
J'lui écrivais des lettres dix par jour :
"Je t'aime et je t'aimerai toujours.".
La seule réponse à mes illusions Fut "Non, non, non."Alors dans le même sac j'avais mis
"Amour" avec "famille patrie".
Je jouais les durs les méchants qui traînent
Dans le quartier d'la mauvaise graine.
Quelquefois j'allais chanter pour du flouze
Cette fameuse Lucille ce fameux blues.
Venait-elle me voir au Mimi-Pinson ?
Non, non, non.
Lucille, Lucille, Lucille.
Lucille, Lucille, Lucille.On m'a mis sur un mauvais coup
Et ça m'a rapporté beaucoup.
J'ai tout perdu au pok' sur une paire
Et gagné dix ans d'placard belle affaire.
J'lui écrivais des lettres dix par jour :
"Je t'aime et je t'aimerai toujours.".
Venait-elle me voir à la prison ?
Non, non, non.
Lucille, Lucille, Lucille.
Lucille, Lucille, Lucille.
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Par francesco le 26 Décembre 2020 à 23:22
Jacques Brel
Nous étions deux amis et Fanette m'aimait
La plage était déserte et dormait sous juillet
Si elles s'en souviennent les vagues vous diront
Combien pour la Fanette j'ai chanté de chansonsFaut dire
Faut dire qu'elle était belle
Comme une perle d'eau
Faut dire qu'elle était belle
Et je ne suis pas beauFaut dire
Faut dire qu'elle était brune
Tant la dune était blonde
Et tenant l'autre et l'une
Moi je tenais le mondeFaut dire
Faut dire que j'étais fou
De croire à tout cela
Je le croyais à nous
Je la croyais à moiFaut dire
Qu'on ne nous apprend pas
A se méfier de toutNous étions deux amis et Fanette m'aimait
La plage était déserte et mentait sous juillet
Si elles s'en souviennent les vagues vous diront
Comment pour la Fanette s'arrêta la chansonFaut dire
Faut dire qu'en sortant
D'une vague mourante
Je les vis s'en allant
Comme amant et amanteFaut dire
Faut dire qu'ils ont ri
Quand ils m'ont vu pleurer
Faut dire qu'ils ont chanté
Quand je les ai mauditsFaut dire
Que c'est bien ce jour-là
Qu'ils ont nagé si loin
Qu'ils ont nagé si bien
Qu'on ne les revit pasFaut dire
Qu'on ne nous apprend pas
Mais parlons d'autre choseNous étions deux amis et Fanette l'aimait
La plage est déserte et pleure sous juillet
Et le soir quelquefois, quand les vagues s'arrêtent
J'entends comme une voix
J'entends c'est la Fanette
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Par francesco le 7 Décembre 2020 à 00:40
Jacques Brel
Les timides
Ça se tortille
Ça s'entortille
Ça sautille
Ça se met en vrille
Ça se recroqueville
Ça rêve d'être un lapin
Peu importe
D'où ils sortent
Mes feuilles mortes
Quand le vent les porte
Devant nos portes
On dirait qu'ils portent
Une valise dans chaque mainLes timides
Suivent l'ombre
L'ombre sombre de leur ombre
Seule la pénombre
Sait le nombre
De leurs pudeurs de Levantin
Ils se plissent
Ils palissent
Ils jaunissent
Ils rosisent
Ils rougissent
S'écrevissent
Une valise dans chaque mainMais les timides
Un soir d'audace
Devant leur glace
Rêvant d'espace
Mettent leur cuirasse
Et alors place
Allons Paris
Tiens-toi bien
Et vive la gare
Saint-Lazare
Mais on s'égare
On sépare
On s'désempare
Et on repart
Une valise dans chaque mainLes timides
Quand ils chavirent
Pour une Elvire
Ont des soupirs
Ont des désirs
Qu'ils désirent dire
Mais ils n'osent pas bien
Et leur maîtresse
Plus prêtresse
En ivresse
Qu'en tendresse
Un soir les laissent
Du bout des fesses
Une valise dans chaque mainLes timides
Alors vieillissent
Alors finissent
Se rapetissent
Quand ils glissent
Dans les abysses
Je veux dire
Quand ils meurent
N'osent rien dire
Rien maudire
N'osent frémir
N'osent sourire
Juste un soupir
Et ils meurent
Une valise sur le cœur
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Par francesco le 2 Décembre 2020 à 17:00
Michel Sardou
Monsieur Ménard a 50 ans
Agrégé de sciences naturelles
Ni beau ni laid ni gros ni grand
C'est un célibataire modèle
Monsieur Ménard sort du lycée
Une serviette en cuir à la main
Il s'est fait un peu chahuter
Ils sont pas marrants les gamins
Entre Ménard et ses élèves
C'est entre la haine et l'amour
Entre le cauchemar et le rêve
Entre le fer et le velours
Monsieur Ménard a 50 ans
Il se sent pourtant un vieil homme
C'est vrai que depuis tout ce temps
Il n'a rien appris à personne
C'était un jour en terminale
Pour une histoire assez banale
J'ai cru qu'il allait me frapper
Alors j'ai cogné le premier
J'ai donné un grand coup de tête
Pour frimer devant les copains
Je lui ai cassé les lunettes
Ils sont pas marrants les gamins
Monsieur Ménard est maintenant
Un professeur à la retraite
Il doit vieillir paisiblement
Et il m'a oublié peut-être
Mais moi je ne l'oublierai jamais
Ses bons yeux tristes dans les miens
Ses bons yeux tristes qui disaient
Ils sont pas marrants les gamins
Ils sont pas marrants les gamins
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