•  Armand                           Pierre vassiliu

    C' pauv' gosse naquit dans la misère 
    Aussitôt on lui demanda 
    S'il voulait vivre avec sa mère 
    Puisqu'il n'avait plus de papa 

    C'était un pauv' gars 
    Qui s'appelait Armand 
    Y n'avait pas d'papa 
    Y n'avait pas d'maman 

    Mais un jour pendant la têtée 
    Trouvant la nounou un peu plate 
    Il lui souffla dans les nénés 
    Jusqu'à c'que la nounou éclate 

    C'était un pauv' gars 
    Qui s'appelait Armand 
    Y n'avait pas d'papa 
    Y n'avait pas d'maman 


     

    Son père disparut à treize ans 
    Un soir dans la cour de l'école 
    Alors qu'il jouait gentiment 
    A la balle et à pigeon vole 

    C'était un pauv' gars 
    Qui s'appelait Armand 
    Y n'avait pas d'papa 
    Y n'avait pas d'maman 

    Sa mère qui avait la jaunisse 
    L'avait r'filée à son amant 
    Qui attendait l'moment propice 
    Pour la repasser à Armand 

    C'était un pauv' gars 
    Qui s'appelait Armand 
    Y n'avait pas d'papa 
    Y n'avait pas d'maman 

    La seule fille qui en fut amoureuse 
    Ne savait que garder ses moutons 
    Elle lui r'fila la fièvre aphteuse 
    Et c'est lui qui garda ses boutons.
                                                                      vassiliu-pierre/paroles-armand


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  •                                                          

    Jacques Brel/Madeleine

    Ce soir, j'attends Madeleine
    J'ai apporté du lilas
    J'en apporte toutes les s'maines
    Madeleine elle aime bien ça
    Ce soir, j'attends Madeleine
    On prendra le tram trente-trois
    Pour manger des frites chez Eugène
    Madeleine elle aime tant ça
    Madeleine c'est mon Noël
    C'est mon Amérique à moi
    Même qu'elle est trop bien pour moi
    Comme dit son cousin Joël
    Mais ce soir, j'attends Madeleine
    On ira au cinéma
    Je lui dirai des "je t'aime"
    Madeleine elle aime tant ça

    Elle est tellement jolie
    Elle est tellement tout ça
    Elle est toute ma vie
    Madeleine que j'attends là

    Ce soir, j'attends Madeleine
    Mais il pleut sur mes lilas
    Il pleut comme toutes les s'maines
    Et Madeleine n'arrive pas
    Ce soir, j'attends Madeleine
    C'est trop tard pour l' tram trente-trois
    Trop tard pour les frites d'Eugène
    Madeleine n'arrive pas
    Madeleine c'est mon horizon
    C'est mon Amérique à moi
    Même qu'elle est trop bien pour moi
    Comme dit son cousin Gaston
    Mais ce soir, j'attends Madeleine
    Il me reste le cinéma
    J’ pourrai lui dire des "je t'aime"
    Madeleine elle aime tant ça

    Elle est tellement jolie
    Elle est tellement tout ça
    Elle est toute ma vie
    Madeleine qui n'arrive pas

    Ce soir, j'attendais Madeleine
    Mais j'ai jeté mes lilas
    J' les ai j'tés comme toutes les s'maines
    Madeleine ne viendra pas
    Ce soir, j'attendais Madeleine
    C'est fichu pour l' cinéma
    Je reste avec mes "je t'aime"
    Madeleine ne viendra pas
    Madeleine c'est mon espoir
    C'est mon Amérique à moi
    Mais sûr qu'elle est trop bien pour moi
    Comme dit son cousin Gaspard
    Ce soir, j'attendais Madeleine
    Tiens le dernier tram s'en va
    On doit fermer chez Eugène
    Madeleine ne viendra pas

    Elle est, elle est pourtant tellement jolie
    Elle est, pourtant, tellement tout ça
    Elle est, pourtant, toute ma vie
    Madeleine qui n’ viendra pas

    Mais demain, j'attendrai Madeleine
    Je rapporterai du lilas
    J'en rapporterai toute la s'maine
    Madeleine elle aimera ça
    Demain, j'attendrai Madeleine
    On prendra le tram trente-trois
    Pour manger des frites chez Eugène
    Madeleine elle aimera ça
    Madeleine c'est mon espoir
    C'est mon Amérique à moi
    Tant pis si elle est trop bien pour moi
    Comme dit son cousin Gaspard
    Demain, j'attendrai Madeleine
    On ira au cinéma
    Je lui dirai des "je t'aime"
    Et Madeleine, elle aimera ça


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  • Parole Francis Cabrel L'homme qui marche

    Derrière chaque fenêtre
    Les visages se cachent
    Tout le monde est venu
    Voir passer l'homme qui marche
    Vu d'ici ça paraît tellement facile
    On dirait qu'il est tenu par des fils
    Il en est tellement venu
    Des gens de toutes sortes
    Depuis longtemps déjà
    On n'ouvre plus les portes
    Respirer, c'est toute une histoire
    Tellement l'air est mauvais
    Sur les trottoirs
     
    Regardez bien: C'est le dernier
    Nous on marchait avant
    C'était y'a longtemps
    C'est presque oublié
    j'aimerais bien l'aider mais
    C'est le dernier...
     
    Entre les voitures qui sautent
    Et les avions qui tombent
    Il pourra chercher longtemps
    Quelqu'un qui lui réponde
    Il appelle, mais on n'ouvrira pas
    On s'est tous fait pièger au moins une fois
     
    Regardez bien: C'est le dernier
    Nous on marchait avant
    C'était y'a longtemps
    C'est presque oublié
    j'aimerais bien l'aider mais
    C'est le dernier...
     
    Il marche entre les nuages de gaz et de poussière
    Il laisse à chaque pas comme des tâches de lumière
    Ça fait des images par terre...
     
    Au prochain coin de rue
    L'homme va disparaître
    On va rester longtemps
    Le nez à nos fenêtres
    A se dire qu'on est bien dans nos maisons
    Entre les grilles de fer des aérations

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     ♪ Je Rêvais D'hommes Frères ♪

                                                                     Michel Bühler

    Je rêvais d'hommes frères
    Et j'avais quoi ? Vingt ans ?
    La démarche légère
    Et le cœur palpitant
    J'avais le regard clair
    D'un qui s'en va confiant
    C'est sûr que l'allais faire
    Bien mieux que ceux d'avant
    La famine ou la guerre
    C'est chose qui dépend
    De décisions premières
    Et du choix des vivants
    La raison, la lumière
    Guidaient mes pas d'enfant
    Qui allait mettre à terre
    Tous les trop vieux tourments

    Maintenant que l'hiver
    Et ses nuages blancs
    Et ses arbres austères
    Se pointent à mon tournant
    Maintenant qu'il s'avère
    Que j'ai fait largement
    A bord de la galère
    La moitié de mon temps
    Sans faire d'inventaire
    Sans jouer le bilan
    Je regarde en arrière
    Quelquefois, rarement
    Que d'amis, de compères
    Que de rires et de chants
    Que d'envie d'autres mers
    Que de soleils brûlants

    Comme jadis et naguère
    J'habite obstinément
    Un lieu où le vulgaire
    Se mêle aux bonnes gens
    Un pays de contraire
    Frileux et désolant
    Fermé dans ses frontières
    Et qui est mien pourtant
    Lorsque me désespère
    Son brunissant présent
    Je prends en solitaire
    Le sentier montant
    Là-haut, face au mystère
    Venant du firmament
    J'écoute l'univers
    Et je salue le vent

    Faudrait une manière
    De remerciement
    Pour l'amour qui éclaire
    Intérieurement
    La maison tout entière
    Depuis bien des printemps
    Pour tes yeux bruns ou verts
    Ça dépend du moment
    Pour ta chanson d'hier
    Dans le soleil levant
    Pour l'heure où tes paupières
    Se ferment doucement
    Pour la vie que l'on gère
    Comme on peut, bien souvent
    Pour la vie qu'on espère
    Pour la vie simplement

    On apporte sa pierre
    Dessus le bâtiment
    La pauvre primevère
    Naît à chaque printemps
    Etais-je une poussière
    Ou bien un diamant ?
    Qui fixe le critère ?
    Qui rend le jugement ?
    J'avais l'âme sincère
    Et mon petit talent
    Est-ce qu'on exagère
    A vouloir le beau temps ?
    Suivais-je une chimère ?
    Suis-je trop innocent ?
    Je rêvais d'hommes frères
    J'en rêve follement

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  •  

    ♪ Simone ou Gaston ♪                    Michel Bühler

    Je l'appelle Simone ou Gaston,
    Selon qu'elle met son pantalon,
    Sa robe à fleurs.
    Elle me répond: "Salut, l'ami,
    Qu'est-ce que tu racontes aujourd'hui,
    Ça va l'humeur?"
    On s'est rencontrés par hasard,
    Classique: dans un bistro un r'gard,
    Comme par erreur.
    J' sais pas son âge, j' sais pas son nom,
    Je l'appelle Simone ou Gaston.


    Quand elle passe la soirée chez moi
    Elle me raconte la vie, c'est pas
    Toujours tout gai.
    Elle s' fend la pipe d'vant la télé,
    Politicards, publicité,
    Débilité...
    Ah qu'on ne ressemble jamais
    A ces pantins aseptisés,
    Manipulés!
    Plus tard elle s'endort dans mes bras,
    Quand elle passe la soirée chez moi.


    Elle dit: "Qu'est-ce qu'on va devenir,
    Tu sais bien que notre avenir
    Est dans les mains
    De gens qui n'adorent que le fric,
    Et c'est pas prêt d' changer: les flics
    Sont leurs copains".
    Elle dit: "Toute seule je crie au fou,
    Maman j'ai peur, j'ai froid partout!
    Ça m' fait du bien"...
    En m'embrassant dans un sourire,
    Elle dit: "Qu'est-ce qu'on va devenir?"


    Ça peut durer quelques saisons,
    Comm' ça tout doux et sans violons,
    Tout p'tit bonheur.
    On n'a pas pensé à se dire
    Encore "Je t'aime", sanglots, soupirs,
    Drôle de couleur...
    On est p't-être bien, sans le savoir,
    Un peu bizarres, un peu à part,
    Un peu d'ailleurs.
    Je l'appelle Simone ou Gaston,
    Ça peut durer quelques saisons...

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  •                                                  -Claude Nougaro-

    Elle voulait un enfant
    Moi, je n'en voulais pas
    Mais il lui fut pourtant facile
    Avec ses arguments
    De te faire un papa
    Cécile, ma fille

    Quand son ventre fut rond
    En riant aux éclats
    Elle me dit : "allons, jubile,
    Ce sera un garçon"
    Et te voilà
    Cécile, ma fille

    Et te voilà et me voici, moi
    Moi, j'ai trente ans, toi six mois
    On est nez à nez, les yeux dans les yeux
    Quel est le plus étonné des deux?

    Bien avant que je t'aie,
    Des filles, j'en avais eues,
    Jouant mon coeur à face ou pile
    De la brune gagnée à la blonde perdue
    Cécile, ma fille

    Et je sais que bientôt
    Toi aussi tu auras
    Des idées et puis des idylles,
    Des mots doux sur tes hauts
    Et des mains sur tes bas
    Cécile, ma fille

    Moi, je t'attendrai toute la nuit
    T'entendrai rentrer sans bruit
    Mais au matin, c'est moi qui rougirai
    Devant tes yeux plus clairs que jamais

    Que toujours, on te touche
    Comme moi maintenant
    Comme mon souffle sur tes cils
    Mon baiser sur ta bouche
    Dans ton sommeil d'enfant
    Cécile, ma fille
    Cécile


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  •                                                                                               Pierre Perret

    La petite Madeleine que j'ai connue à Saint-Lazare
    Je l'ai Choisy pour son superbe Corvisart
    Elle avait le Saint-Placide et un sacré Buzenval
    Elle avait tout un Arsenal
    Je craignais que ce fût une Fille-Du-Calvaire
    Auquel cas faut s'méfier du Chardon-Lagache
    Et pour pas garder Lamarck L'eût fallu qu'jaille à Pasteur
    Moi pour Suffren non Bercy

    Elle me répond qu'elle s'en tamponne le Froissart
    Vu qu'elle avait plusieurs amants qui la Courcelles
    Le Père-Lachaise Louis-Blanc Bolivar Richard Lenoir
    Ce qui fait avec George Cinq
    J'suis Censier avoir un beau Menilmontant
    Et comment obligado son Beaugrenelle
    J'y propose la Botzaris elle se porte Volontaires
    Et précise-t-elle j'ai Sablons

    C'est la Gaîté nous Levallois dans mon Dupleix
    Elle me dit Issy je vis avec Etienne-Marcel
    Que tu me Défense le Sentier que tu prennes la Chapelle
    De Toute Façon Marcel-Sembat
    Elle se met Sully présente la Tour-Maubourg
    Mais je descends aussitôt à Poissonnière
    Là le nez me Châtillon ça sentait le Caulaincourt
    Bref j'étais pas à Bel-Air

    Prêts au Combat enfin nous nous dé-Mabillon
    Mais Passy vite qu'elle me dit vous Pernety
    Avant d'éteindre la Laumière laisse-moi ôter mon Pantin
    Espèce de pauvre Gambetta
    Pour montrer que je n'suis pas un Invalides
    Je lui Saint-Philippe-Du-Roule une Peletier monstre
    Et d'un vieux coup de Rambuteau je lui arrache un cri Denfert
    Ah quel Sulpice mes amis

    Par malheur elle avait le Goncourt sa Motte-Piquet
    Avouez qu'Saint-Cloud à s'Dugommier le Jules-Joffrin
    Son p'tit Chaligny-Faidherbe était bien trop Billancourt
    Elle demeurait une vrai Glacière
    Elle Opéra un vrai changement la Réaumur
    L'en Brochant en Chevaleret entre La Fourche
    Et la Muette à l'Anvers aussitôt je lui Bourg-La-Reine
    Jusqu'à temps qu'elle en Picpus

    Vingt Dieux qu'Ségur t'as un Jourdain mais c'est Duroc
    Que c'est Plaisance dit-elle en saisissant Montreuil
    Elle me monge les Boulets Elle me Pompe le Boucicaut
    Elle me Télégraphe un jour la Bonne-Nouvelle
    Elle avait oublié de prend' sa Bastille
    Elle attendait ses Ranelagh elle a eu la Butte-Chaumont
    Et c'est le p'tit Edgar-Quinet


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  •  

    paroles officielles ♪ Laura ♪  - Guy Béart

    Laura, Laura, lequel de nous deux l'aura?
    Laura, Laura, Laura l'aura pas.

    On l'a jouée aux billes aux tout premiers temps.
    Elle était p'tite fille, nous étions enfants.
    Nous étions quatre près d'elle, nous étions quatre
    séduits
    Comme autour d'une chandelle, des oiseaux de nuit.

    Laura, Laura, lequel de nous deux l'aura?
    Laura, Laura, Laura l'aura pas.

    On l'a jouée aux dames sur un grand damier,
    On l'a jouée au drame sur un grand larmier.
    La maligne n'avait cure de nous partager sa peau
    Et ses joues de pommes mûre en quatre morceaux.

    Laura, Laura, lequel de nous deux l'aura?
    Laura, Laura, Laura l'aura pas.

    On a joué la belle aux jeux du hasard.
    "L'amour, nous dit-elle, c'est colin-maillard.
    Je vais fermer les paupières, l'un de vous m'embrassera.
    Je me donne à qui me serre le premier dans ses bras."

    Laura, Laura, lequel de nous deux l'aura?
    Laura, Laura, Laura l'aura pas.

    La dernière manche fut un sacré coup.
    Elle a joué des hanches, elle a mis les bouts
    Avec un cinquième compère, nous laissant tous quatre en
    plan
    Quatre quilles solitaires, puisque maintenant

    Laura, Laura, aucun de nous l'aura, Laura, Laura, Laura
    l'aura pas.

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  • Les amours d'antan

     

    Moi, mes amours d'antan c'était de la grisette :
    Margot, la blanche caille, et Fanchon, la cousette...
    Pas la moindre noblesse, excusez-moi du peu,
    C'étaient, me direz-vous, des grâces roturières,
    Des nymphes de ruisseau, des Vénus de barrière...
    Mon prince, on a les dam's du temps jadis qu'on peut...

    Car le cœur à vingt ans se pose où il se pose,
    Le premier cotillon venu vous en impose,
    La plus humble bergère est un morceau de roi.
    Ça manquait de marquise, on connut la soubrette,
    Faute de fleur de lys on eut la pâquerette,
    Au printemps Cupidon fait flèche de tout bois...

    On rencontrait la belle aux Puces, le dimanche :
    "Je te plais, tu me plais..." et c'était dans la manche,
    Et les grands sentiments n'étaient pas de rigueur.
    "Je te plais, tu me plais... Viens donc, beau militaire..."
    Dans un train de banlieue on partait pour Cythère,
    On n'était pas tenu même d'apporter son cœur...

    Mimi, de prime abord, payait guère de mine,
    Chez son fourreur sans doute on ignorait l'hermine,
    Son habit sortait point de l'atelier d'un dieu...
    Mais quand, par-dessus le moulin de la Galette,
    Elle jetait pour vous sa parure simplette,
    C'est Psyché tout entier' qui vous sautait aux yeux.

    Au second rendez-vous y' avait parfois personne,
    Elle avait fait faux bond, la petite amazone,
    Mais l'on ne courait pas se pendre pour autant...
    La marguerite commence avec Suzette,
    On finissait de l'effeuiller avec Lisette
    Et l'amour y trouvait quand même son content.

    C'étaient, me direz-vous, des grâces roturières,
    Des nymphes de ruisseau, des Vénus de barrière,
    Mais c'étaient mes amours, excusez-moi du peu,
    Des Manon, des Mimi, des Suzon, des Musette,
    Margot la blanche caille, et Fanchon, la cousette,
    Mon prince, on a les dam's du temps jadis qu'on peut...

    Georges Brassens

     


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  •  

    On la trouvait plutôt jolie Lily
    Elle arrivait des Somalies Lily
    Dans un bateau plein d’émigrés
    Qui venaient tous de leur plein gré
    Vider les poubelles à Paris
    Elle croyait qu’on était égaux Lily
    Au pays d’ Voltaire et d’Hugo Lily
    Mais pour Debussy en revanche
    Il faut deux noires pour une blanche
    Ça fait un sacré distinguo
    Elle aimait tant la liberté Lily
    Elle rêvait de fraternité Lily
    Un hôtelier rue Secrétan
    Lui a précisé en arrivant
    Qu’on ne recevait que des blancs

    Elle a déchargé des cageots Lily
    Elle s’est tapé des sales boulots Lily
    Elle crie pour vendre des choux-fleurs
    Dans la rue ses frères de couleur
    L’accompagnent au marteau-piqueur
    Et quand on l’appelait Blanche-Neige Lily
    Elle se laissait plus prendre au piège Lily
    Elle trouvait ça très amusant
    Mêm’ s’il fallait serrer les dents
    Ils auraient été trop contents
    Elle aima un beau blond frisé Lily
    Qui était tout prêt à l’épouser Lily
    Mais la belle-famille lui dit nous
    N’ somm’s pas racistes pour deux sous
    Mais on veut pas de ça chez nous

    Elle a essayé l’Amérique Lily
    Ce grand pays démocratique Lily
    Elle aurait pas cru sans le voir
    Que la couleur du désespoir
    Là-bas aussi ce fût le noir
    Mais dans un meeting à Memphis Lily
    Elle a vu Angela Davis Lily
    Qui lui dit viens ma petite sœur
    En s’unissant on a moins peur
    Des loups qui guettent le trappeur
    Et c’est pour conjurer sa peur Lily
    Qu’elle lève aussi un poing rageur Lily
    Au milieu de tous ces gugusses
    Qui foutent le feu aux autobus
    Interdits aux gens de couleur

    Mais dans ton combat quotidien Lily
    Tu connaîtras un type bien Lily
    Et l’enfant qui naîtra un jour
    Aura la couleur de l’amour
    Contre laquelle on ne peut rien
    On la trouvait plutôt jolie Lily
    Elle arrivait des Somalies Lily
    Dans un bateau plein d’émigrés
    Qui venaient tous de leur plein gré
    Vider les poubelles à Paris

                                                 Pierre Perret


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