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Par francesco le 3 Avril 2020 à 10:28
Léo Ferré
À mes oiseaux piaillant debout
Chinés sous les becs de la nuit
Avec leur crêpe de coutil
Et leur fourreau fleuri de trous
À mes compaings du pain rassis
À mes frangins de l'entre bise
À ceux qui gerçaient leur chemise
Au givre des pernods-minuit
A l'Araignée la toile au vent
A Biftec baron du homard
Et sa technique du caviar
Qui ressemblait à du hareng
A Bec d'Azur du pif comptant
Qui créchait côté de Sancerre
Sur les MIDNIGHT à moitié verre
Chez un bistre de ses clients
Aux spécialistes d'la scoumoune
Qui se sapaient de courants d'air
Et qui prenaient pour un steamer
La compagnie Blondit and Clowns
Aux pannes qui la langue au pas
En plein hiver mangeaient des nèfles
A ceux pour qui deux sous de trèfle
Ça valait une Craven A
A ceux-là je laisse la fleur
De mon désespoir en allé
Maintenant que je suis paré
Et que je vais chez le coiffeur
Pauvre mec mon pauvre Pierrot
Vois la lune qui te cafarde
Cette Américaine moucharde
Qu'ils ont vidée de ton pipeau
Ils t'ont pelé comme un mouton
Avec un ciseau à surtaxe
Progressivement contumax
Tu bêle à tout va la chanson
Et tu n'achètes plus que du vent
Encore que la nuit venue
Y a ta cavale dans la rue
Qui hennnit en te klaxonnant
Le Droit la Loi la Foi et Toi
Et une éponge de vin sur
Ton Beaujolais qui fait le mur
Et ta Pépée qui fait le toit
Et si vraiment Dieu existait
Comme le disait Bakounine
Ce Camarade Vitamine
Il faudrait s'en débarrasser
Tu traînes ton croco ridé
Cinquante berges dans les flancs
Et tes chiens qui mordent dedans
Le pot-au-rif de l'amitié
Un poète ça sent des pieds
On lave pas la poésie
Ça se défenestre et ça crie
Aux gens perdus des mots FERIES
Des mots oui des mots comme le Nouveau Monde
Des mots venus de l'autre côté clé la rive
Des mots tranquilles comme mon chien qui dort
Des mots chargés des lèvres constellées dans le
dictionnaire des
Constellations de mots
Et c'est le Bonnet Noir que nous mettrons sur le vocabulaire
Nous ferons un séminaire, particulier avec des grammairiens
Particuliers aussi
Et chargés de mettre des perruques aux vieilles pouffiasses
Littéromanes
IL IMPORTE QUE LE MOT AMOUR soit rempli de mystère et non
De tabou, de péché, de vertu, de carnaval romain des draps
cousus
Dans le salace
Et dans l'objet de la policière voyance ou voyeurie
Nous mettrons de longs cheveux aux prêtres de la rue pour
leur
Apprendre à s'appeler dès lors monsieur l'abbé Rita
Hayworth
Monsieur l'abbé BB fricoti fricota et nous ferons des
prières inversées
Et nous lancerons à la tête des gens des mots
SANS CULOTTE
SANS BANDE A CUL
Sans rien qui puisse jamais remettre en question
La vieille la très vieille et très ancienne et démodée
querelle du
Qu'en diront-ils
Et du je fais quand même mes cochoncetés en toute
quiétude sous
Prétexte qu'on m'a béni
Que j'ai signé chez monsieur le maire de mes deux mairies
ALORS QUE CES ENFANTS SONT TOUT SEULS DANS LES
RUES
ET S'INVENTENT LA VRAIE GALAXIE DE L'AMOUR
INSTANTANE
Alors que ces enfants dans la rue s'aiment et s'aimeront
Alors que cela est indéniable
Alors que cela est de toute évidence et de toute éternité
JE PARLE POUR DANS DIX SIECLES et je prends date
On peut me mettre en cabane
On peut me rire au nez ça dépend de quel rire
JE PROVOQUE-À L'AMOUR ET À L'INSURRECTION
YES! I AM UN IMMENSE PROVOCATEUR
Je vous l'ai dit
Des armes et des mots c'est pareil
Ça tue pareil
II faut tuer l'intelligence des mots anciens
Avec des mots tout relatifs, courbes, comme tu voudras
IL FAUT METTRE EUCLIDE DANS UNE POUBELLE
Mettez-vous le bien dans la courbure
C'est râpé vos trucs et manigances
Vos démocraties où il n'est pas question de monter à
l'hôtel avec
Une fille
Si elle ne vous est pas collée par la jurisprudence
C'est râpé Messieurs de la Romance
Nous, nous sommes pour un langage auquel vous n'entravez que
Couic
NOUS SOMMES DES CHIENS et les chiens, quand ils sentent la
Compagnie,
Ils se dérangent et on leur fout la paix
Nous voulons la Paix des Chiens
Nous sommes des chiens de " bonne volonté "
El nous ne sommes pas contre le fait qu'on laisse venir à
nous
Certaines chiennes
Puisqu'elles sont faites pour ça et pour nous
Nous aboyons avec des armes dans la gueule
Des armes blanches et noires comme des mots noirs et blancs
NOIRS COMME LA TERREUR QUE VOUS ASSUMEREZ
BLANCS COMME LA VIRGINITÉ QUE NOUS ASSUMONS
NOUS SOMMES DES CHIENS et les chiens, quand ils sentent la
Compagnie,
II se dérangent, ils se décolliérisent
Et posent leur os comme on pose sa cigarette quand on a
quelque
Chose d'urgent à faire
Même et de préférence si l'urgence contient l'idée de
vous foutre
Sur la margoulette
Je n'écris pas comme de Gaulle ou comme Perse l
JE CAUSE et je GUEULE comme un chien
JE SUIS UN CHIEN
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Par francesco le 19 Février 2020 à 10:33
Georges Brassens
Au bois d'Clamart y'a des petit's fleurs,
Y'a des petit's fleurs
Y' a des copains au, au bois d' mon cœur,
Au, au bois d' mon cœur.Au fond de d' ma cour j' suis renommé, (bis)
J'suis renommé
Pour avoir le cœur mal famé,
Le cœur mal famé.Au bois d' Vincenne' y' a des petit's fleurs,
Y' a des petit's fleurs,
Y' a des copains au, au bois d' mon cœur,
Au, au bois d' mon cœur.Quand y' a plus d' vin dans mon tonneau, (bis)
Dans mon tonneau,
Ils n'ont pas peur de boir' mon eau,
De boire mon eau.Au bois d' Meudon y' a des petit's fleurs,
Y' a des petit's fleurs,
Y' a des copains au, au bois d' mon cœur,
Au, au bois d' mon cœur.Ils m'accompagnent à la mairie, (bis)
A la mairie,
Chaque fois que je me marie,
Que je me marie.Au bois d' Saint-Cloud y' a des petit's fleurs,
Y' a des petit's fleurs,
Y' a des copains au, au bois d' mon cœur,
Au, au bois d' mon cœur.Chaqu' fois qu' je meurs fidèlement, (bis)
Fidèlement,
Ils suivent mon enterrement,
Mon enterrement.... des petites fleurs... (bis)
Au, au bois d' mon cœur... (bis)
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Par francesco le 20 Janvier 2020 à 23:50
Hubert Félix Thiéfaine
alligators 427
aux ailes de cachemire-safran
je grille ma dernière cigarette
je vous attends
sur cette autoroute hystérique
qui nous conduit chez les mutants
j’ai troqué mon cœur contre une trique
je vous attends
je sais que vous avez la beauté destructive
& le sourire vainqueur jusqu’au dernier soupir
je sais que vos mâchoires distillent l’agonie
moi je vous dis bravo & vive la mort !alligators 427
à la queue de zinc et de sang
je m’tape une petite reniflette
je vous attends
dans cet étrange carnaval
on a vendu l’homo sapiens
pour racheter du néandertal
je vous attends
& les manufactures ont beau se recycler
y’aura jamais assez de morphine pour tout le monde
surtout qu’à ce qu’on dit vous aimez faire durer
moi je vous dis bravo & vive la mort !alligators 427
aux longs regards phosphorescents
je mouche mon nez, remonte mes chaussettes
je vous attends
& je bloque mes lendemains
je sais que les mouches s’apprêtent
autour des tables du festin
je vous attends
& j’attends que se dressent vos prochains charniers
j’ai raté l’autre guerre pour la photographie
j’espère que vos macchabes seront bien faisandés
moi je vous dis bravo & vive la mort !alligators 427
aux crocs venimeux & gluants
je donne un coup de brosse à mon squelette
je vous attends
l’idiot du village fait la queue
& tend sa carte d’adhérent
pour prendre place dans le grand feu
je vous attends
j’entends siffler le vent au-dessus des calvaires
& je vois les vampires sortir de leurs cercueils
pour venir saluer les anges nucléaires
moi je vous dis bravo & vive la mort !alligators 427
aux griffes d’or & de diamant
je sais que la cigüe est prête
je vous attends
je sais que dans votre alchimie
l’atome ça vaut des travellers-chèques
& ça suffit comme alibi
je vous attends
à l’ombre de vos centrales je crache mon cancer
je cherche un nouveau nom pour ma métamorphose
je sais que mes enfants s’appelleront vers de terre
moi je vous dis bravo et vive la mort !alligators 427
au cerveau de jaspe & d’argent
il est temps de sonner la fête
je vous attends
vous avez le goût du grand art
& sur mon compteur électrique
j’ai le portrait du prince-ringard
je vous attends
je sais que désormais vivre est un calembour
la mort est devenue un état permanent
le monde est aux fantômes, aux hyènes et aux vautours
moi je vous dis bravo et vive la mort !
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Par francesco le 23 Décembre 2019 à 00:26
Henri Tachan
J'ai ma carte, j'suis au parti des p'tits lapins,
Depuis quarante ans leur drapeau c'est le mien:
Carott'e rose sur fond d'luzerne, Ca fait pas fuire les badernes Qui me traquent, une carabine à la main,
J'ai ma carte, j'suis au parti des p'tits lapins
Qui finissent à la moutarde, au romarin,
En civet, à la cass'role,
Croyez pas qu'ça me console
De ne pas vieillir dans mon champ de thym.
Ma vie,
Qui l'a choisie?
J'ai les mains vides
Ils ont l'fusil
J'ai ma carte, j'suis au parti des p'tits enfants
Qui ne veulent pas plus tard devenir grands,
Qui n'veulent pas jouer au facteur;
Qui n'veulent pas jouer au docteur;
Ni jouer au papa et à la maman,
J'ai ma carte, j'suis au parti des p'tits enfants
Qui s'ennuient beaucoup au milieu des parents
Mais qui s'envolent su l'aile
Bien tiède d'une hirondelle
Qui pour eux quelques fois fait le printemps.
Ma vie,
Qui l'a choisie?
J'ai les mains vides
Ils ont l'fusil
J'ai ma carte, j'suis au parti des pauvres vieux
Entassés dans ces fourrières de banlieue,
A l'hospice, à l'hôpital,
Mourir c'est le moindre mal
Quand on est loin de chez soi, seul et vieux,
J'ai ma carte, j'suis au parti d'pépé, mémé
Qui n'ont plus personne à voir ni à aimer,
Mê'e pas un bouquet d'violettes,
Un chat d'gouttière, un'e voilette,
Que leurs souvenirs déjà enbaumés.
Ma vie,
Qui l'a choisie?
J'ai les mains vides
Ils ont l'fusil
J'ai ma carte, j'suis au parti des petit'es fleurs,
Au parti de tout ce qui souffre et qui meurt,
Loin de leurs jeux olympiques
U.R.S.S. - Amérique,
Loin de leurs cliquetis d'armes vainqueurs,
J'ai ma carte, et je persiste et je signe,
Je suis incurable, je reste dans ma ligne,
Et je garde dans l'oreille,
Juste avant le grand sommeil,
Un violoncelle qui pleur'e la Mort du cigne.
Ma vie,
Je la choisis,
J'gard'e les mains vides,
Eux, le fusil!
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Par francesco le 7 Novembre 2019 à 10:55
Georges Brassens
Il avait nom corne d'Aurochs, au gué, au gué
Tout l'mond' peut pas s'app'ler Durand, au gué, au gué En le regardant avec un œil de poèteOn aurait pu croire à son frontal de prophète
Qu'il avait les grand's eaux de Versailles dans la tête
Corne d'AurochsMais que le bon dieu lui pardonne, au gué, au gué
C'étaient celles du robinet, au gué, au guéOn aurait pu croire en l'voyant penché sur l'onde
Qu'il se plongeait dans des méditations profondes
Sur l'aspect fugitif des choses de se monde
Corne d'AurochsC'étaient hélas pour s'assurer, au gué, au gué
Qu' le vent n'l'avait pas décoiffé, au gué, au guéIl proclamait à son de trompe à tous les carrefours
"Il n'y a qu'les imbéciles qui sachent bien faire l'amour
La virtuosité c'est une affaire de balourds!"
Corne d'AurochsIl potassait à la chandelle, au gué, au gué
Des traités de maintien sexuel, au gué, au gué
Et sur les femm's nues des musées, au gué, au gué
Faisait l'brouillon de ses baisers, au gué, au guéEt bientôt petit à petit, au gué, au gué
On a tout su, tout su de lui, au gué, au guéOn a su qu'il était enfant de la Patrie
Qu'il était incapable de risquer sa vie
Pour cueillir un myosotis à une fille
Corne d'AurochsQu'il avait un p'tit cousin, au gué, au gué
Haut placé chez les argousins, au gué, au gué
Et que les jours de pénurie, au gué, au gué
Il prenait ses repas chez lui, au gué, au guéC'est même en revenant d'chez cet antipathique
Qu'il tomba victime d'une indigestion critique
Et refusa l'secours de la thérapeutique
Corne d'AurochsParce que c'était un All'mand, au gué, au gué
Qu'on devait le médicament, au gué, au guéIl rendit comme il put son âme machinale
Et sa vie n'ayant pas été originale
L'Etat lui fit des funérailles nationales
Corne d'AurochsAlors sa veuve en gémissant, au gué, au gué
Coucha avec son remplaçant, au gué, au gué
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