•                                                                Georges Chelon

    Morte saison,
    L'amour est en rase campagne,
    Elle est partie ma paysanne,
    Avant le temps de la moisson.

    Morte saison,
    Elle a renié mon bout d'asile,
    Paraît que l'amour dans les villes,
    A de plus vastes horizons.

    Morte saison
    Elle a mis mon coeur en jachère,
    Elle a pensé que de ma terre
    Ne sortirait plus rien de bon.

    Morne saison,
    Pas même un épi d'amour tremble,
    Plus un soupçon de pousses tendres
    Qui dorment aux creux de mes sillons.

    Morne saison,
    Elle a mis mon coeur en jachère,
    Elle m'a dit qu'il pourrait se faire
    Qu'elle l'ensème un jour pour de bon,
    Si là-bas ça ne tournait rond.

    En quelle saison,
    Ne faudrait pas trop que ça tarde,
    A force temps plus grande garde,
    Plus s'enépinent les chardons.

    En quelle saison
    Reviendra-t-elle ma paysanne,
    En l'attendant pleure la campagne,
    Il n'y a pas eu de moisson,
    Il n'y aura plus de moisson.


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  •                                                       Georges Moustaki

    Il y avait un jardin

    Entre l'acier et le bitume entre le béton et l'asphalte
    Et qui ne sauront peut-être jamais que la terre était un jardin

    Il y avait un jardin qu'on appelait la terre
    Il brillait au soleil comme un fruit défendu
    Non ce n’était pas le paradis ni l'enfer
    Ni rien de déjà vu ou déjà entendu
    La la la la la la la

    Il y avait un jardin une maison des arbres
    Avec un lit de mousse pour y faire l'amour
    Et un petit ruisseau roulant sans une vague
    Venait le rafraîchir et poursuivait son cours
    La la la la la la la

    Il y avait un jardin grand comme une Vallée
    On pouvait s'y nourrir à toutes les saisons
    Sur la terre brûlante ou sur l'herbe gelée
    Et découvrir des fleurs qui n'avaient pas de nom
    La la la la la la la

    Il y avait un jardin qu'on appelait la terre
    Il était assez grand pour des milliers d'enfants
    Il était habité jadis par nos grands-pères
    Qui le tenait eut même de leurs grands-parents
    La la la la la la

    Où est-il ce jardin où nous aurions pu naître
    Où nous aurions pu vivre insouciants et nus
    Où est cette maison toute porte ouverte


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  •                                                                                  Georges Brassens

    Il vivait en dehors des chemin forestier, 
    Ce n'était nullement un arbre de métier, 
    Il n'avait jamais vu l'ombre d'un bûcheron, 
    Ce grand chêne fier sur son tronc.

    Il eût connu des jours filés d'or et de soie 
    Sans ses proches voisins, les pires gens qui soient; 
    Des roseaux mal pensant, pas même des bambous, 
    S'amusant à le mettre à bout.

    Du matin jusqu'au soir ces petit rejetons, 
    Tout juste cann' à pêch', à peine mirlitons, 
    Lui tournant tout autour chantaient, in extenso, 
    L'histoire du chêne et du roseau.

    Et, bien qu'il fût en bois, les chênes, c'est courant, 
    La fable ne le laissait pas indifférent. 
    Il advint que lassé d'être en butte aux lazzi, 
    Il se résolue à l'exil.

    A grand-peine il sortit ses grands pieds de son trou 
    Et partit sans se retourner ni peu ni prou. 
    Mais, moi qui l'ai connu, je sais qu'il souffrit 
    De quitter l'ingrate patrie

    A l'oré' des forêts, le chêne ténébreux 
    A lié connaissance avec deux amoureux. 
    "Grand chêne, laisse-nous sur toi graver nos noms... 
    Le grand chêne n'a pas dit non.

    Quand ils eur'nt épuisé leur grand sac de baisers, 
    Quand, de tant s'embrasser, leurs becs furent usés, 
    Ils ouïrent alors, en retenant des pleurs, 
    Le chêne contant ses malheurs.

    "Grand chên', viens chez nous, tu trouveras la paix, 
    Nos roseaux savent vivre et n'ont aucun toupet, 
    Tu feras dans nos murs un aimable séjour, 
    Arrosé quatre fois par jour. "

    Cela dit, tous les trois se mirent en chemin, 
    Chaque amoureux tenant une racine en main. 
    Comme il semblait content ! Comme il semblait heureux 
    Le chêne entre ses amoureux.

    Au pied de leur chaumière ils le firent planter. 
    Ce fut alors qu'il commença de déchanter 
    Car, en fait d'arrosage, il n'eut rien que la plui', 
    Des chiens levant la part' sur lui.

    On a pris tous ses glands pour nourrir les cochons, 
    Avec sa belle écorce on a fait des bouchons, 
    Chaque fois qu'un arrêt de mort était rendu, 
    C'est lui qui héritait du pendu.

    Puis ces mauvaises gens, vandales accomplis, 
    Le coupèrent en quatre et s'en firent un lit. 
    Et l'horrible mégère ayant des tas d'amants, 
    Il vieillit prématurément.

    Un triste jour, enfin, ce couple sans aveu 
    Le passa par la hache et le mit dans le feu. 
    Comme du bois de caisse, amère destinée 
    Il périt dans la cheminée.

    Le curé de chez nous, petit saint besogneux, 
    Doute que sa fumé' s'élève jusqu'à Dieu. 
    Qu'est-c'qu'il en sait, le bougre, et qui donc lui a dit 
    Qu'y a pas de chêne en paradis ? 


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  •                                                                              Georges Brassens

    Dans l'eau de la claire fontaine 
    Elle se baignait toute nue. 
    Une saute de vent soudaine 
    Jeta ses habits dans les nues.

    En détresse, elle me fit signe, 
    Pour la vêtir, d'aller chercher 
    Des morceaux de feuilles de vigne, 
    Fleurs de lis ou fleurs d'oranger.

    Avec des pétales de roses, 
    Un bout de corsage lui fis. 
    Mais la belle n’était pas bien grosse : 
    Une seule rose a suffi . 
    Avec le pampre de la vigne, 
    Un bout de cotillon lui fis. 
    Mais la belle était si petite 
    Qu’une seule feuille a suffi.

    Elle me tendit ses bras, ses lèvres, 
    Comme pour me remercier... 
    Je les pris avec tant de fièvre 
    Qu'ell' fut toute déshabillée.

    Le jeu dut plaire à l'ingénue, 
    Car, à la fontaine souvent, 
    Ell' s'alla baigner toute nue 
    En priant qu'il fît du vent, 
    Qu'il fît du vent...


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  •                                                Georges Brassens 

    Quand je vais chez la fleuriste, 
    Je n'achèt' que des lilas... 
    Si ma chanson chante triste 
    C'est que l'amour n'est plus là.

    Comm' j'étais, en quelque sorte 
    Amoureux de ces fleurs-là, 
    Je suis entré par la porte, 
    Par la porte des Lilas.

    Des lilas, y' en avait guère, 
    Des lilas, y' en avait pas, 
    Z'étaient tous morts à la guerre, 
    Passés de vie à trépas.

    J'suis tombé sur une belle 
    Qui fleurissait un peu là, 
    J'ai voulu greffer sur elle 
    Mon amour pour les lilas.

    J'ai marqué d'une croix blanche 
    Le jour où l'on s'envola, 
    Accrochés à une branche, 
    Une branche de lilas.

    Pauvre amour, tiens bon la barre, 
    Le temps va passer par là, 
    Et le temps est un barbare 
    Dans le genre d'Attila.

    Aux coeurs où son cheval passe, 
    L'amour ne repousse pas, 
    Aux quatre coins de l'espace 
    Il fait le désert sous ses pas.

    Alors, nos amours sont mortes, 
    Envolé's dans l'au-delà, 
    Laissant la clé sous la porte, 
    Sous la porte des Lilas.

    La fauvette des dimanches, 
    Cell' qui me donnait le la, 
    S'est perché' sur d'autres branches, 
    D'autres branches de lilas.

    Quand je vais chez la fleuriste, 
    Je n'achèt' que des lilas.:. 
    Si ma chanson chante triste 
    C'est que l'amour n'est plus là.


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