• Mario (C thème "Hommes"ou"Prénoms")

                                              Jacques Bertin

    C'est le cœur qui a mal, je crois, Mario, c'est le cœur
    simplement
    Mais d'une si infiniment infime douleur qu'un violon
    Ne saurait, même au plus ténu de son registre, l'apaiser
    Mario, à peine comme au loin les jours de pluie une fumée

    Comme l'invisible dessin d'un vol d'oiseau dans l'air
    limpide
    Une douleur. Mais tout est calme. Aucun de ces élancements
    Du sang. Et point de ces amas au ciel menaçants de nuages
    Non plus le désespoir violent comme un saccage. C'est le
    cœur

    Simplement épinglé, Mario, le cœur cloué comme une image
    Sur une vie aux couleurs d'eau, sur un décor aux couleurs
    mortes
    Ou comme une affiche, Mario, séchée sur une porte
    Et dont un lambeau bouge à l'air léger

    Le cœur qui dit d'une manière si timide qu'il ne peut
    Aller plus loin dans cette vie destinée pourtant au grand
    large
    Or l'univers inflexible grince sous la corne et se charge
    De nous, tout comme l'œil implacable des gens

    Suis-je si vieux? Moi qui parlais au temps qu'il fait comme
    un prophète
    À la religion bonne et gaie, toute bataille m'était fête
    Je suis comme si un huissier, portant bien haut le
    candélabre
    En plein jour, dans mon propre cœur, parmi les dunes
    m'emmenait

    Où je m'enfonce à chaque pas, perdant le souffle sous le
    masque
    À moins que ce ne soit mon cœur, mon vieux Mario, là,
    cette barque
    Enfouie dans la marée de sable et par une herbe douce aux
    pieds
    Recouverte et tenue par la ligne sans vie des peupliers


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