•                 COLETTE RENARD-

    Au dortoir
    Sur le soir
    La sœur Luce
    En chemise et sans mouchoir
    Cherchant du blanc au noir
    À surprendre une puce

    À tâtons
    Du téton
    À la cuisse
    L'animal ne fait qu'un saut
    Ensuite un peu plus haut
    Se glisse

    Dans la petite ouverture
    Croyant sa retraite sûre
    De pincer
    Sans danger
    Il se flatte
    Luce pour se soulager
    Y porte un doigt léger
    Et gratte

    En ce lieu
    Par ce jeu
    Tout s'humecte
    À force de chatouiller
    Venant à se mouiller
    Elle noya l'insecte

    Mais enfin
    Ce lutin
    Qui rend l'âme
    Veut faire un dernier effort
    Luce grattant plus fort
    Se pâme


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  •                                       Michel Jonasz

    Quand y aura plus sur la terre que du beurre fondu
    Avec le dernier soupir du dernier disparu,
    Dernier boum d’la dernière guerre,
    Dernière ville sous la poussière,
    Et dernier espoir perdu.

    Ce chemin vert sous les arbustes est protégé
    Par les premiers soupirs des tout premiers baisers,
    Premier mot d’la première heure,
    Première minute de bonheur,
    Premier serment partagé.

    Tu t’rappelles on s’était couché
    Sur un millier de fourmis rouges.
    Aucun de nous deux n’a bougé.
    Les fourmis rouges.
    Est-ce que quelque chose a changé?
    Couchons-nous sur les fourmis rouges
    Pour voir si l’amour est resté
    Et voir si l’un de nous deux bouge,
    Couchés sur les fourmis rouges.

    Tu n’auras jamais peur du vent qui souffle ici.
    Pour les scorpions te fais pas d’soucis.
    Les mauvais chagrins d’hier
    Les orties dans les fougères
    Quand on s’aime ils nous aiment aussi.

    Ce chemin sous les arbustes nous connaît bien
    De nos tout premiers rires c’est le premier témoin
    Refuge de la dernière heure
    Et dernière tâche de bonheur
    Aux premiers signes du destin

    Tu t’rappelles on s’était couché
    Sur un millier de fourmis rouges.
    Aucun de nous deux n’a bougé.
    Les fourmis rouges.
    Est-ce que quelque chose a changé?
    Couchons-nous sur les fourmis rouges
    Pour voir si l’amour est resté
    Et voir si l’un de nous deux bouge,
    Couchés sur les fourmis rouges.


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  •                       Daniel Balavoine

    Oiseau de nuit
    le studio endormi
    Musiciens bleus et gris
    La fumée s'épaissit

    Oiseau de nuit
    à la console fleur
    De voyant rouges et verts
    Que tu connais par cœur

    Tu n'attends rien
    Pourtant tu entends bien

    Oh! Mon ami oiseau de nuit
    Oh! Mon ami je te remercie

    Tous les dandys oubliés
    On est là bien calé
    Tu m'écoute encore et encore et encore

    Oh! Mon ami oiseau de nuit
    Oh! Mon ami je te remercie

    Le petit rouge est servi
    Ta gitane est finie
    Et moi je t'écoute encore et encore et encore

    C'est mon ami
    si je parle de lui
    Aux femmes de ma vie
    Elles aiment aussi

    C'est mon ami
    si je traîne ma vie
    Les jours que je maudis
    Je m'assois près de lui

    Il m'entend bien
    Je sais qu'il m'entend bien

    Oh! Mon ami oiseau de nuit
    Oh! Mon ami je te remercie

    Tu berces tes magnétos
    Je chante un peu moins faux
    Tu écoutes encore et encore et encore

    Oh! Mon ami oiseau de nuit
    Oh! Mon ami je te remercie

    Nous mangerons au levant
    Epuisés mais contents
    Parlant de musique encore et encore et encore

    Oh! Mon ami oiseau de nuit
    Oh! Mon ami je te remercie

    Nous mangerons au levant
    Epuisés mais contents
    Parlant de musique encore et encore et encore

    Oh! Mon ami oiseau de nuit
    Oh! Mon ami je te remercie

    Et moi je t'écoute encore et encore et encore

    Oh! Mon ami oiseau de nuit
    Oh! Mon ami je te remercie


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  •                                   Daniel Balavoine

    Le matin aux saisons nouvelles
    Je vais au bord de la Moselle
    Regarder les oiseaux
    Ils viennent quand je les appelle
    Caresser l'eau du bout des ailes
    Et suivent les bateaux
    Fatigués, abandonnent
    Et s'enfoncent dans le ciel
    Pour aller chercher de l'air plus haut
    Plus haut que Dieu décida de faire mourir le vent
    Plus haut que nous ne pourrons aller avant longtemps
    C'est si loin...
    Loin de moi que mes yeux déçus
    Aveuglés aux voûtes d'azur
    Ne les voient plus
    Ce matin assis sous le ciel
    Je pleure au bord de la Moselle
    Et j'attends les oiseaux
    On dit que partout c'est pareil
    Qu'ils sont morts pendant leur sommeil
    D'avoir volé trop haut
    Ceux qui s'étaient perdus
    Ont dû s'en aller si haut
    Haut qu'ils se sont brûlés sur le soleil
    Haut plus haut que Dieu décida de faire mourir le vent
    Plus haut que nous ne pourrons aller avant longtemps
    C'est si loin
    Loin de moi que mes yeux déçus
    Aveuglés aux voûtes d'azur
    N'y croient plus


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  •                                                      Jean Ferrat

     

    Quand l'hiver a pris sa besace
    Que tout s'endort et tout se glace
    Dans mon jardin abandonné
    Quand les jours soudain rapetissent
    Que les fantômes envahissent
    La solitude des allées
    Quand la burle secoue les portes
    En balayant les feuilles mortes
    Aux quatre coins de la vallée

    Un grillon un grillon
    Un grillon dans ma cheminée
    Un grillon un grillon
    Un grillon se met à chanter

    Il n'a pourtant dans son assiette
    Pas la plus petite herbe verte
    La plus fragile graminée
    A se mettre sous la luette
    Quand le vent souffle la tempête
    Et qu'il est l'heure de dîner
    Que peut–il bien manger ou boire
    A quoi peut–il rêver ou croire
    Quel espoir encore l'habiter

    Un grillon un grillon
    Un grillon dans ma cheminée
    Un grillon un grillon
    Un grillon se met à chanter

    Son cri n'a d'autre raison d'être
    Que son refus de disparaître
    De cet univers désolé
    Pour le meilleur et pour le pire
    Il chante comme je respire
    Pour ne pas être asphyxié
    Sait–il au fond de sa mémoire
    Que c'est du coeur de la nuit noire
    Qu'on peut voir l'aube se lever

    Un grillon un grillon
    Un grillon dans ma cheminée
    Un grillon un grillon
    Un grillon se met a chanter


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